Daniel dans la « fosse » aux lions
Le chapitre VI du livre de Daniel raconte un épisode entre tous fameux de la vie du Sage juif : celui où sa piété envers le vrai dieu lui vaut d'être jeté dans la « fosse » aux lions et aussi d'en sortir sain et sauf.
Rappelons brièvement les faits : le Roi des Mèdes et des Perses, Darius, un roi de légende1, comme Nabukadnezar du chapitre III du même livre, a mis à la tête de son empire2 trois présidents ; Daniel est - l'un d'eux. Son intelligence et son dévouement sont tels que le Roi a l'intention de l'élever au- dessus des deux autres, en en faisant une sorte de vice-roi. Aussi les deux présidents, selon la LXX, tous les satrapes, selon le texte hébreu et 0, veulent le perdre ; mais ils savent qu'il est sans reproche. Ils imaginent alors de faire promulguer un édit qui interdit pour une durée de trente jours d'adresser des prières à aucun dieu, si ce n'est au Roi. Toute personne qui transgressera l'édit sera jetée dans la « fosse » aux lions.
Ils font signer l'édit par le Roi, le rendant ainsi irrévocable.
Bien que Daniel ait eu connaissance de la signature du décret, il n'en continue pas moins à adorer trois fois par jour, selon la coutume3, le dieu d'Israël.
Après avoir fait reconfirmer de vive voix par le Roi l'irré- vocabilité du décret, les deux présidents, seuls, selon la LXX,
1) Rowley, Darius the Mede and the four world empires (1935), p. 54, dit à ce propos : « Darius the Mede is a conflation of confused traditions. » 2) Selon la LXX, le royaume a été partagé en 127 satrapies, au lieu de 120 de 0 et du texte hébreu. Pour toutes les tentatives faites en vue de retrouver le substrat historique de cette division administrative du royaume, voir les commentaires récents du livre de Daniel : Montgomery, A critical and exegeiical commentary on the book of Daniel (1927), pp. 269 suiv. ; Bentzen, Daniel (1937), pp. 28-29, et surtout Beek, Das Danielbuch (1935), pp. 54 suiv. 3) Pour la prière que Daniel adresse trois fois par jour au dieu d'Israël devant la fenêtre ouverte en direction de Jérusalem, cf. Montgomery, op. cit., p. 274.
