L'Ennerie, dernier village avant les marais
Dernières régions humaines
quelques hectares de vigne
que les brouillards au printemps protègent
Au-delà, règne des rouches, des saules barrant les parcelles
au-delà l'oeil étend son embrasement aussi loin que son rêve
Reste l'eau
cheminement de l'innommé
L'hiver en ces lieux-ci passe comme une lente angoisse
Les regards assemblés s'assurent de la solidité des herbes
cherchant la rupture à l'horizon
Montée - l'eau se lève
comme le désastre peu à peu de la mort
elle impose cette course froide au front
Montée, flaque après flaque sur d'autres terres
Des hectares immenses bientôt recouverts
soutenus par des cris d'oiseaux frileux
Longtemps le lac ne fut que cette palpitation
Envahissement, il se forgeait lui-même parole
symphonie, nudité lisse
J'ouvrais des branchages je guettais les tourbillons
l'échouage des souches mortes
Ce battement courait depuis les âges
et venait mourir là, puis se reprendre et puis mourir encore
poussant chaque fois un peu plus cette écume de roseaux
ces restants d'herbes