Elle avait dit :
" Jamais comme cela je ne pourrai voyager,
Les mots qui disent
entre les mots
l'humanité
l'amour s'il se peut
au gré du monde
Les mots
qu'on ne dit pas
qui nous traversent
criblant les corps
Il vaudrait mieux écrire sans doute "Elles avaient dit", car ces textes ont pour origine des instants lumineux, fugaces souvent, partagés – parfois à leur insu – avec des femmes que j'ai côtoyées au long des jours...
Femmes, ou les instants multipliés du monde, femmes où l'on puise et tisse ce peu apprivoisé de la lumière, ce peu de parole en fragments, à peine soutenable, dans la terre sous-jacente
Ci-dessous, quelques extraits d'un ensemble de textes rassemblé dans le livre "Toute la terre à vif, qu'on voit" édité par Parole & Patrimoine.
Souvent dans ce jardin qu'elle aimait, il la voyait lever de l'ombre son regard sur la terre
Elle avait dit :
" C'est une petite vie... "
et certainement, à voir son regard délavé de tristesse,
Attendre, et dans la nuit des routes perdues, qui s'étonne sur le monde,
Comment cela se nomme,
d'ouvrir de terre en terre un peu du cycle des paroles
Elle avait dit :
" Après l'hiver, je ferai un jardin,
ce sera comme un quadrille sur la terre,
Femme recouverte, au jour le jour qui passe,
le vent tient tes chevilles et tu passes,
Gagner l'écoute des femmes transparentes
d'un geste à l'autre elles mènent leur corps interne
La femme à l'aube la vie enclose
elle retient l'étoffe quotidienne
Se taire quand la douleur arrive
elle couvre le corps dans l'instant
Elle avait dit :
" C'est pour oublier que je laisse ainsi le temps brouiller les choses "
Quelle écriture dans les visages surpris des femmes
corps aux paroles similaires,
Devant les mots, ce souffle dispersé d'entre les corps
rien n'est compté, ce peu de savoir entre mes lèvres
On monte doucement sur le chemin de terre rappelle-toi c'est le matin à peine la lumière dans le ciel sur les blés les orges