"Arménie, musée à ciel ouvert", c'est le parcours d'un photographe tchécoslovaque dans l'Arménie des années 1970.
"Il y en a peu de pays où un visiteur a une sensation du contact si direct avec le cours du temps", dit l'introduction en quatre langues. Cette phrase qui s'applique si bien effectivement à l'Arménie convient aussi à ce livre, qu'on regarde aujourd'hui comme un témoin du passé, comme une trace de ce temps contemporain qui a bouleversé l'Arménie, comme nombre des pays d'Europe.
Même si les photos couleur ont souffert d'une qualité de reproduction limitée, on suit l'oeil du photographe avec bonheur, lui qui montre l'omni-présence des pierres sur cette terre, qui découpe aussi l'espace dans un dialogue pertinent entre les oeuvres des hommes et les montagnes. Bonheur de ce berger au visage rieur, dont les moutons se fondent presque aux pierres des versants, échos émouvants de ces passants qui boivent aux fontaines de la place de la République à Erevan, de ceux qui entrent au marché couvert. Puis, au détour des pages, le temple de Garni qu'on commence de restaurer, Zvartnots bien plus en ruines qu'aujourd'hui, ou encore ce prêtre à Geghard, mince silhouette noire entre deux immenses blocs de pierre. Et enfin, ces grandes vues noir et blanc de montagnes ennuagées, de vallées et de pierres toujours, à terre, fragments de l'histoire posés là, en attente...
Arménsko, muzeum pod sirym nebom (Arménie, musée à ciel ouvert)
Kamil Vyskocil (Photos), Ludmila Motalova et Milan Piovarci (Textes)
Editions Pallas (1976), 154 pages, 22 cm x 29 cm