Un livre (en anglais) dont l'objectif est "visuel et descriptif", dit l'introduction. Les visuels sont superbes et la description bien complète.
Aghtamar fait partie de ces lieux qui vous prennent à bras le corps, et dont on s'éloigne avec le sentiment que ces pierres vous ont profondément changé, que cet îlot posé sur le bleu de la "mer de Van", nimbé d'immenses montagnes est un de ces endroits privilégié du monde qui vous fait toucher à l'absolu.
Ici, au début du Xe siècle, le roi Gagik Ier, de la famille des Ardrzounis, fit construite cette église Sainte-Croix, récemment restaurée comme un musée par la Turquie. Et cette église est un joyau de l'architecture arménienne, par ses volumes et son élégance, mais surtout par son extraordinaire décor sculpté qui couvre la quasi-totalité des murs extérieurs de l'église. Extraordinaire, dans tous les sens du terme, et d'abord par le fait que très rares sont les édifices arméniens qui laissent une telle place à l'image et aux scènes historiées. Ensuite, bien évidemment, par cette sorte de génie de la présence qu'ont développé les sculpteurs, qui rend ces figures aussi fascinantes.
Le livre "tourne" autour de l'église et donne à voir sur chacune des quatre façades un choix de sculptures, à travers des photos de qualité, qui ont été prises à plusieurs saisons de l'année, afin d'obtenir toujours l'éclairage adéquat.
Quelques pages situent l'histoire de l'édifice et les types de sculptures : scènes bibliques, bestiaire, motifs décoratifs et frises. Puis le parcours visuel commence par la façade ouest, et la figure du roi Gagik lui-même, présentant le modèle de l'église, au-dessus du jamatoun ajouté en avant de l'église au XVIIIe siècle. Le livre prend le parti de présenter le détail des figures, ce qui est judicieux, tant le rapport du travail du sculpteur à la matière de la pierre est hors du commun : les images d'Aghtamar émergent de la pierre sans toutefois s'en échapper et c'est sans doute ce qui nous touche à ce point, l'accompli de l'humanité si proche de la terre.
Chaque scène est décrite par un texte court et précis, qui ne cherche pas à l'interpréter mais la situe clairement. Un regret : le volume du livre n'a pas permis la reproduction de toutes les sculptures. Un autre, mais le choix éditorial est respectable : le livre se concentre sur les reliefs et ne traite pas des fresques intérieures, qui mériteraient elles aussi une même approche.
The Book of Ahtamar reliefs
Takeko Harada
A Turizm Yayιnlarι, Istanbul (2003)
96 pages, 21,5 cm x 20 cm