Ererouk
Restes de la façade
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Areni
Pierre tombale près de l'église
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Moro dzor
Chemin dans le village
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Aghitou
Une pierre tombale
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Bjni
L'église Saint-Serge
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Ketcharis
Le bac à bougies
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Makaravank
Église principale • Motif polylobé

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

L'histoire d'un royaume paradoxal qui du XIIe au XIVe siècle, fit de cette terre proche de la Méditerranée un foyer de civilisation arménienne, en relation singulière avec la France.

La plaine de Cilicie s'ouvre à la Méditerranée face à Chypre, son territoire est limité au nord par les montagnes du Taurus et au sud par celles de l'Amanus qui le sépare de la Syrie actuelle. Au Ier siècle avant notre ère, Tigrane le Grand, roi d'Arménie, étend son royaume jusqu'à la mer et dans ces régions des familles arméniennes s'installent dès cette période. Mais c'est après l'invasion arabe et parce que les rapports avec Byzance se sont tendus que se développe le "mirage de Cilicie". Au XIe siècle, quand les Turcs Seldjoukides s'implantent définitivement en Asie Mineure et que leur emprise sur l'Arménie y détruit tous les royaumes, la Cilicie, ouverte sur la mer et l'Europe chrétienne, devient un refuge pour nombre d'Arméniens.

Jusqu'à la fin du XIVe siècle, une sorte d'Arménie bis va s'y développer, acueillant le Catholicos, chef de l'église arménienne, nouant des relations avec les Croisés : on y construit des monastères, où l'on crée des enluminures, où l'on écrit la poésie... Les rois de Cilicie vont, par alliance, se croiser avec ceux du royaume de Chypre, de la famille poitevine des Lusignan, creusant un peu plus ce sillon d'échanges avec la France.

Ce livre décrit en détail cette histoire, et c'est passionnant. Claude Mutafian et ses collaborateurs allient l'anecdote et la vision globale de l'histoire, les tableaux généalogiques et les cartes précises, des photos sur le terrain, des reproductions de documents anciens... C'est passionnant, parce que, outre la qualité du propos, on découvre combien la civilisation arménienne a été depuis longtemps l'interface entre Orient et Occident, à la fois écartelée dans ses origines et tendue vers le rassemblement, comme lorsque le roi Héthoum Ier cherche l'alliance avec les Mongols et part durant plus d'un an, traversant déguisé l'Anatolie turque, puis l'Arménie, le nord de la Caspienne, jusqu'à la lointaine Karakoroum, pour rendre visite au Khan.

Si en 1375 s'arrête l'histoire du royaume de Cilicie, cette terre restera arménienne encore longtemps. Une partie du livre est consacrée aux regards des voyageurs dans cette région jusqu'au XXe siècle et à l'élimination des populations arméniennes.

Le Royaume Arménien de Cilicie
sous la direction de Claude Mutafian
CNRS Editions (2001), 160 pages, 24 cm x 30cm