Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Bjni
L'église Saint-Serge
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Ketcharis
Le bac à bougies
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Ererouk
Restes de la façade
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Areni
Pierre tombale près de l'église
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Aghitou
Une pierre tombale
Moro dzor
Chemin dans le village
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Une exposition à Paris en 2001 a été l'occasion de la parution de ce livre, qui fait revivre cette cité des "mille et une églises" que fut Ani.

C'est un livre savant, publié sous la direction de Raymond H. Kévorkian, arménien, historien et universitaire éminent, qui s'est entouré de spécialistes, du patrimoine ou de l'histoire d'Arménie (Patrick Donabédian, Jean-Pierre Mahé), ou bien des fortifications médiévales (Nicolas Faucherre). Plus de vingt auteurs, pour un ouvrage dense, largement rythmé de cartes, de plans, de photos du site, d'objets venant des fouilles, de reproductions d'anciens documents.

C'est un livre sur une ville qui n'existe plus. "La fascination qu'exercent sur l'homme certains vestiges de civilisations disparues est parfois accentuée par le contraste existant entre le haut degré de développement que révèlent les ruines et leur environnement contemporain, misérable et sinistre. Tel est le cas d'Ani, la capitale médiévale de l'Arménie, dont les prestigieux vestiges ont quelque chose d'anachronique, perdus sur un plateau désertique habité par quelques modestes paysans". Le professeur Kévorkian va d'emblée à l'essentiel dans son introduction. Au-delà de l'aspect historique remarquable, du fil conducteur qui rèvèle l'Arménie toute entière à partir de sa ville-phare perdue, il y a dans l'ouvrage comme une tension de l'absence, toute en pudeur. Ecriture scientifique, distante, mais d'où naît la lancinante question de ce qui disparait, qui avait été auparavant un extraordinaire foyer de rayonnement.

L'écriture détaille son sujet. Contexte politique et diplomatique, organisation sociale et économie, urbanisme, architecture, arts décoratifs, et vie intellectuelle à Ani, voici les grandes parties de l'ouvrage, chacune déclinée en des articles ciblés, par exemple "Le droit médiéval arménien, entre droit canon et droit coutumier", ou bien "Les centres intellectuels et scriptoria du Shirak au temps des Bagratides d'Ani".

Les visuels nous font entrer dans le pathétique de ces ruines, fragments de pierre qui laissent pressentir l'exceptionnel qui se dérobe sous le regard. et aussi parce que ce qu'on donne à voir du rayonnement de cette ville est toujours - dans l'évidence - ailleurs, témoins Sembat et Gurgen Bagratuni, les fondateurs du Royaume d'Ani, qu'on voit sculptés aux chevets des monastères d'Haghbat et de Sanahin. Civilisation propagée ailleurs plus que disparue, métaphore sublime de ce recommencement incessant qui constitue sans doute une part de l'âme arménienne, jamais vraiment déracinée, toujours mobile, mais avec cette douleur en elle des terres perdues.

Ani, capitale de l'Arménie en l'an mil
sous la direction de Raymond H. Kévorkian
Paris Musées (2001), 316 pages, 22 cm x 27 cm