Fin mai 1918, les Arméniens, tout un peuple à l'unisson, arrêtent l'avancée des troupes turques à Sardarapat, ouvrant la voie à l'indépendance du pays, perdue depuis cinq siècles.
Serge Afanasyan, l'auteur, cite en exergue la phrase de l'historien britannique C.J. Walker : "Si les Arméniens avaient échoué à Sardarabad, le mot Arménie n'aurait peut-être plus désigné qu'une antique entité géographique, comme la Cappadoce".
A l'écart du village aujourd'hui, quand on commence la visite du musée où des objets de civilisation de toutes les époques donnent à voir la pérennité de la culture arménienne depuis des siècles, la jeune femme qui guide les touristes dit d'une voix douce en marquant la mémoire de ce lieu : "S'ils n'avaient pas gagné, je ne serais pas là aujourd'hui à vous parler".
C'est le livre d'un historien pour son peuple, on y trouve d'anciennes photos fanées des héros de ces jours, comme l'album d'une famille où vous entrez presque gêné. On y voit les cartes des batailles, c'est un reportage à l'ancienne, avec l'immense respect de la mémoire, avec la volonté de décrire pas à pas ce qui fut le réveil d'un pays. On y rencontre des personnages : ceux qui se révèlent chefs de guerre, mais aussi les paysans arméniens têtus, tenaces, qui feront barrage aux envahisseurs, mais aussi cet évêque avec sa croix sous la mitraille qui exhorte les hommes... On y détaille les avancées du front, la situation dans les villes, la mosaïque entière des événements du 21 au 29 mai 1918, où le peuple arménien s'est en quelque sorte retrouvé.
La Victoire de Sardarabad
Serge Afanasyan
L'Harmattan (1985), 112 pages, 13,5 cm x 21,5 cm