Ererouk
Restes de la façade
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Areni
Pierre tombale près de l'église
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Bjni
L'église Saint-Serge
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Aghitou
Une pierre tombale
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Moro dzor
Chemin dans le village
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Ketcharis
Le bac à bougies
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Quand un chercheur expert de l'Arménie et son épouse acceptent de vulgariser leur savoir dans le cadre d'une collection exemplaire au plan éditorial, cela donne au lecteur un intense moment de bonheur

 "L'épreuve des siècles", le titre fait écho à ce vers de Tcharents, d'un poème que les auteurs citent dès l'entrée du livre :

"Où que je sois, je n'oublierai jamais notre chant de plainte endeuillé"

L'exil, le deuil et le chant : comme toujours dans cette collection "Découvertes", les images à l'entrée du livre vous immergent dans le sujet. C'est ici un mariage en 1910 en Anatolie, le catholicos Sahak II avec la communauté à Alep en 1925, de toutes jeunes filles sur une scène à Adana en 1901, une famille à Gardanne en 1930 devant son épicerie... Quelques pages, et vous pressentez les douleurs toujours actuelles de l'histoire.

Puis viennent cinq chapitres qui suivent les siècles, où le propos brillant se conjugue avec une riche iconographie, dans une relation étroite où l'interprétation des images fait un écho aux arguments de l'approche historique. Le territoire est d'abord planté, hommes et montagnes, et les cartes montrent cette Arménie historique, dix fois grande environ comme la république actuelle, et qui fera comparaison tout au long du livre. Premier état chrétien du monde, ballotté d'abord entre les Perses sassanides et les Romains, l'Arménie se forge une identité malgré tout, malgré les Seldjoukides, les Mongols, les Turcomans, malgré les déportations vers Ispahan, malgré l'oppression des Ottomans dès le XVIIe siècle ("En ville, négociants et artisans arméniens sont étroitement surveillés. Ils doivent s'habiller de bleu rayé de blanc, pour être immédiatement identifiés"). Puis, ce sont les Russes au XIXe siècle, l'Europe qui ne bronche pas quand on cherche à exterminer ce peuple au début du XXe siècle.

Mais sur l'autre versant des siècles, il y a une langue, une littérature à profusion exaltant l'arménité, des lieux, l'architecture, les manuscrits, l'intelligence du négoce et cette capacité à se recommencer partout dans le monde. Les visuels très judicieusement choisis montrent cela d'abord, et cela fait puissance comme le chant inextinguible.

L'Arménie à l'épreuve des siècles
Annie et Jean-Pierre Mahé
Editions Gallimard, collection "Découvertes"
(2005), 160 pages, 12,5 cm x 18 cm