Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Ererouk
Restes de la façade
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Bjni
L'église Saint-Serge
Ketcharis
Le bac à bougies
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Areni
Pierre tombale près de l'église
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Moro dzor
Chemin dans le village
Aghitou
Une pierre tombale
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Les écrits de Hrant Dink sont accessibles en français à travers ces deux livres, qui font la trace lumineuse de la pensée de cet homme d'exception, fauché par la haine parce qu'il tressait inlassablement le dialogue entre Turcs et Arméniens.

 Hrant Dink était Arménien, né à Malatya, au pays des abricots, en Turquie. Il a 42 ans en 1996, quand il crée Agos, le premier hebdomadaire bilingue turc et arménien. Il en sera rédacteur en chef jusqu'au 19 janvier 2007. Ce jour-là, il est assassiné devant son journal, à Istanbul. Quelques jours plus tard, 100 000 personnes assistent à ses funérailles, en portant des milliers de pancartes sur lesquelles on voit écrit : "Nous sommes tous des Arméniens."

 "Il n'était pas ce qu'on appelle un "penseur". Il n'y prétendait pas. Hrant était un homme d'action, avec une voix et une parole uniques." Ainsi s'exprime au début de "Deux peuples proches, deux voisins lointains" l'ami Etyen Mahçupyan, dans sa présentation. Et c'est bien cette extrême fusion de la parole et de la voix que donnent à entendre ces deux livres, une sorte de simplicité incandescente, l'étincelante humanité d'un homme juste, dont la conscience et la droiture jaillissent, à tout instant, des mots qu'il emploie.

On ne résume pas ces deux livres, indispensables à qui veut comprendre les relations d'aujourd'hui entre Turcs et Arméniens, ou encore à qui veut s'imprégner de l'exigence éthique dont nous avons tous tant besoin, à l'heure où la communication, futile et molle, souvent détruit la haute parole.

 "Deux peuples proches, deux voisins lointains" est un livre construit par Hrant Dink autour du dialogue entre l'Arménie et la Turquie, ou de son absence. Il est fait de courts chapitres, qui n'exposent pas vraiment un argumentaire, mais plutôt vous imprègnent, touche par touche, avec une insistance douce, d'évidences d'humanité qu'on aurait tendance à oublier.

Un exemple, qui ouvre l'ouvrage : "J'ai deux identités, et je suis conscient de chacune d'entre elles. Premièrement, je suis de Turquie, je suis citoyen de République turque. Deuxièmement, je suis arménien. En outre, le fait d'être un membre de la société arménienne turque ne m'empêche pas d'être également un membre, au plan moral, de l'Arménie ainsi que de la diaspora arménienne à travers le monde."

Tout est dit, de l'homme multiculturel de demain, aux multiples appartenances, ouvert aux vents du monde, enraciné à l'extrême ici et là et soumis encore à l'exil, constamment. De cela qui semble simple, et qui nous concerne tous, au-delà de l'Arménie et de la Turquie, que faisons-nous, dans le courant des jours ?

Hrant Dink décline ici les tentatives de contacts entre les deux peuples, officiels ou non, il cherche les raisons de cette absence de dialogue, dans l'histoire, dans le déni du génocide... Ses propos sur la diaspora sont emplis d'exigence ("On se mit à oublier qu'on était arménien au profit d'une nouvelle appartenance : l'américanisation, la francisation ou la russification prenaient de la vitesse.") Il met en question aussi la paranoïa turque, qui aboutit au mépris des Arméniens. Il pense qu'il faut "déverrouiller" l'histoire, il appelle les uns et les autres "à la recherche de nos références et de nos points communs, de notre humanité commune...", à mettre "le désir à la place de la peur."

 

L'autre livre, "Être Arménien en Turquie" est un recueil de treize articles écrits de 2004 à 2007 sur différents sujets. On y retrouve la même force d'âme, la même agilité intellectuelle au service de l'homme : "Nul n'a le droit d'humilier les origines et l'identité des personnes avec lesquelles il vit." Sujets plus disparates, mais toujours cette voix et cette parole mêlées, clartés posées sur le quotidien des jours. Jusqu'à ce dernier texte du 17 janvier 2007, étrangement intitulé "Pourquoi ai-je été pris pour cible ?" , où on lit cette phrase, gorge nouée, "oui, je peux me voir dans l'inquiétude et l'angoisse d'une colombe, mais je sais que dans ce pays les gens ne touchent pas aux colombes."

• Deux peuples proches, deux voisins lointains
Hrant Dink
Actes Sud (2009)
208 pages, 10 cm x 19 cm

• Être Arménien en Turquie
Hrant Dink
Éditions Fradet (2007)
136 pages, 13 cm x 20,5 cm