Ketcharis
Le bac à bougies
Moro dzor
Chemin dans le village
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Bjni
L'église Saint-Serge
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Ererouk
Restes de la façade
Areni
Pierre tombale près de l'église
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Aghitou
Une pierre tombale

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Un homme en voyage sur les traces de sa mémoire, de son identité méconnue d'Arménien. Superbe écriture empreinte d'humanité, à la croisée des émotions vécues et d'un regard pénétrant sur l'histoire.

Le père de l'auteur a connu le succès comme écrivain, il a changé son nom de Kouyoumjian en Arlen et cherché à oublier son passé d'exilé arménien, de Bulgarie en Angleterre, puis aux Etats-Unis. Le fils, l'auteur, est élevé avec cette absence de racines ("De ma vie, je n'ai jamais entendu mon père prononcer un mot d'arménien...") qui ne lui font pas manque, dans l'apparence ("ma vie tant privée que professionnelle était une vie réussie d'Américain").

Un groupe d'Arméniens de New-York l'invite un jour, et c'est le point de départ d'une lente découverte de soi, du rapport à son père, de sa propre identité, de ses brisures, mais aussi de l'histoire, à travers un voyage dans l'Arménie soviétique des années 1970 et des rencontres, là-bas. La trame du livre est donc ce retour aux sources d'un Arménien de la diaspora, mais ce qui en fait l'exceptionnel intérêt, c'est le lent parcours d'une presque réticence à une adhésion à l'arménité, mais toujours avec le souci de l'honnêteté, de la rigueur.

Car le voyage en Arménie est paradoxal : alors que ceux qui l'accueillent tentent de lui faire vivre l'Arménie ("Etre arménien c'est avoir sur son âme cet intolérable poids de tristesse" lui souffle un de ses guides), Michael Arlen peine à offrir une fleur au monument des martyrs d'Erevan. Bien plus, il s'enferme dans ses livres, cherchant dans la distance et l'histoire la vérité sur ces Arméniens qu'il voit si proches de lui et si différents. A tel point que c'est parfois seulement sa femme, américaine d'origine, qui accompagne les guides, pendant que lui, à l'hôtel, parcourt l'histoire d'Ourartou, de Tigrane le Grand, puis des Ottomans jusqu'aux événements du début du XXe siècle décryptés en détail.

Comment en vient-on à la reconnaissance de soi, à travers des pans d'oublis, des bribes de connaissances reconstituées, des rencontres d'hommes dont on discerne peu à peu la parenté au-delà des parti-pris ? Comment accepte-t-on la "folie" d'être arménien, "fou en ce que cela implique une brisure en profondeur, dans ces fonds marins de l'âme humaine où elle se gauchit et se tord." Le livre, admirablement écrit, est une humble quête, déterminée, empreinte de grandeur. Après Erevan, le périple se termine à Istambul, dans la tristesse de ceux qui s'exilent encore. Mais il ouvre aussi à l'humanité d'aujourd'hui, à cette vertu de l'âme arménienne, "l'aptitude à dépasser le cadre de la nationalité."

Embarquement pour l'Ararat
Michael J. Arlen
Editions Parenthèses, collection Diasporales (2005)
215 pages, 16,5 cm x 23 cm