Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Bjni
L'église Saint-Serge
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Aghitou
Une pierre tombale
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Areni
Pierre tombale près de l'église
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Ketcharis
Le bac à bougies
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Ererouk
Restes de la façade
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Moro dzor
Chemin dans le village
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

A travers "Samuel", Raffi, son auteur, fait revivre l'Arménie du IVe siècle, en une fresque historique de sang et de larmes... et le livre est riche d'enseignements.

C'est d'abord un roman, qui prend appui sur l'histoire des premières décennies après la conversion de l'Arménie au christianisme. L'action se situe donc dans la seconde partie du IVe siècle, à la fin de la dynastie des Arsacides, ces rois arméniens d'origine parthe, cousins des anciens maîtres de la Perse, dominée depuis 224 par les Sassanides. Ces derniers deviennent àcette époque les ennemis jurés des Arméniens.

C'est que l'adoption du christianisme par l'Arménie a bouleversé le paysage politique et sociétal de l'époque, et les nouveaux maîtres de la Perse combattent avec acharnement une religion en même temps qu'un peuple, cherchant à imposer la "religion du feu", la leur, aux Arméniens. C'est la première fois sans doute dans l'histoire que ceux-ci sont confrontés à une telle lutte, de telles atrocités... ce n'est pas la dernière.

C'est un roman, et Samuel Mamikonian, qui donne son titre à l'ouvrage, n'est pas un personnage qui a laissé dans l'histoire des traces de grande ampleur, à la différence de Mouchegh Mamikonian, le général arménien, ou de Sahag Partev, fils du Catholicos Nersès le Grand, et de son compagnon dans le roman Mesrop Machtots, l'inventeur, quelques années plus tard, de la langue arménienne. L'importance de l'ouvrage n'est pas dans la fidélité détaillée à l'histoire (les chroniqueurs de l'époque – essentiellement Faust de Byzance et Moïse de Khorène – étant parfois eux-mêmes en contradiction), mais dans l'ambiance du roman, qui révèle parfaitement bien un certain nombre des caractéristiques de l'émergence de l'Arménie.

C'est cet aspect de documentaire historique qui est passionnant, et ce d'autant plus que l'éditeur a publié à la fin du roman un précis historique, écrit par Raffi lui-même, ainsi qu'une note sur le roman à l'épreuve des faits : le lecteur dispose ainsi d'approches complémentaires, pour situer au mieux les rapports de ces grandes familles arméniennes (les Mamikonian, les Ardzrouni, les Rechtouni pour en citer quelques-unes présentes dans le livre) avec le pouvoir central en émergence. On sent profondément, dans le feu de l'action romanesque, combien l'appartenance arménienne est précaire et comment elle se fortifie peu à peu et combien le jeu entre les grandes puissances (Les Romains et les Perses) est crucial dans ce cheminement.

Après Le Fou, c'est la seconde oeuvre de Raffi qui est récemment rééditée en français, après une première parution en 1924. On se dit qu'en cette fin du XIXe siècle, lors de l'édition originale à Tiflis, cette histoire de parricide (Samuel finira par tuer son père et sa mère, arméniens mais traîtres) et de sursaut collectif a du contribuer aux retrouvailles des Arméniens avec leur histoire et leur culture. Et qu'aujourd'hui, elle s'adresse à ces Arméniens de France pour leur mémoire, mais aussi à tous ceux que cette civilisation passionne.

Samuel
Raffi
Éditions Thaddée (2010)
480 pages, 15 cm x 20 cm