Les mots qui disent
entre les mots
l'humanité
l'amour s'il se peut
au gré du monde

Les mots
qu'on ne dit pas
qui nous traversent
criblant les corps

Vérité gercée du matin que rien n'encombre
hormis le givre dans la cour
l'écriture des oiseaux transis

Tout à l'heure sous la lumière plane
l'air dissoudra ces signes vains peut-être, pourtant là,
portés à quelques mètres du regard par la levée du jour
Je dis levée je dis ces mots qui mutilent l'instant

Dès l'orée de ce que je nomme, l'ocre des frênes
et le mouvement des fumées claires hors des cheminées voisines
s'inachèvent
en cet immédiat à jamais déssaisi

Le chant de la lumière éparpillée
sur les tuiles sur tout le sol en labours
se tait dans l'apparence
s'arrête au seuil des mots

Alors étrangement
l'attente inquiète
le corps entier tendu à rompre
vers cette beauté entière, imminente, sans cesse tue

Où que l'oeil dérive, il rencontre des palisses
une à une franchies bientôt par le soleil

Sur les montées d'en face
les hommes s'immiscent presqu'entièrement dans le paysage

On les devine à peine
à peine leurs outils tracent dans la buée vive
une fente qui s'entr'ouvre et se ferme sur eux