Pour nous rendre au bois des Loges, d'ici
nous empruntons des chemins anonymes
Pays livré à tous les franchissements de la mémoire
Sur les hauteurs
(ce ne sont que des lieux qui s'élèvent maigrement
mais des âges d'hommes
en ont su discerner les pouvoirs)
l'alignement des pommiers plein vent
que la lutte incessante de l'argile et de l'air a fait grandir penchés
Au-delà, ruines des moulins accrochant l'horizon
comme d'un vêtement aux ronces
un univers qu'on démantèle sans bruit
(Élie m'a souvent raconté ces moulins de la Nie
anciennement
les sacs en chanvre
les ornières difficiles pour les corps)
Nous vivons cette respiration comblée
l'épaisseur somptueuse des céréales, du sol des forêts
ces pierres où nous marchons
où nos pieds l'un et l'autre vieillissent
Presque chacune pèse sur notre histoire
immobile, limitée