Saintongeoise de grand deuil
Mauzé sur le Mignon
Saintongeoise de mariée
Brioux
Pèleboise de cérémonie
Thorigné
Coiffe carrée
St-Hilaire des Loges
Saintongeoise demi-deuil
St-Jean d'Angély
Champanais de tous les jours
Gourvillette
Barbichet de cérémonie
Brigueuil
Saintongeoise de cérémonie
Mazin
Saintongeoise de jeune fille
Aulnay
Mothaise de cérémonie
Dentelle à l'aiguille
Champanais de grand deuil
Châteauneuf sur Charente
Saintongeoise demi-deuil
Mauzé sur le Mignon
Saintongeoise demi-deuil
Loulay
Champanais de grand deuil
Malaville
Saintongeoise de cérémonie
Aubigné
Saintongeoise
Loulay
Saintongeoise de mariée
Mauzé sur le Mignon
Champanais de jeune fille
Matha

Le fil, ténu
qui fait dans le jour
toute la dentelle
des rêves.

Les plis, les courbes
dans l'orbe du visage
toute la fragilité
du monde, le désir
qui suit la lumière
des femmes en allées.

" Il soufflait ainsi dans son cornet de cuivre, et la première fois d'assez loin pour s'annoncer... il allait avec chacun de ses deux pieds et chacune de ses deux jambes... sur toute espèce de chemins parce que c'était son métier. "

C'est ainsi que Charles-Ferdinand Ramuz dans La Séparation des races* nous présente le colporteur venant de sa montagne et arrivant dans un village pour présenter aux femmes " rien que de la qualité.... des rubans, du fil, des aiguilles ".
Dès le XVIIe siècle, le colporteur, celui qui porte son éventaire sur son cou, joue un rôle essentiel dans le commerce et la communication, à travers les villages de France. Non seulement il vend, mais aussi il répand les nouvelles. L'apogée de ce métier se situera dans la première moitié du XIXe.

D'où vient le colporteur?

Ce marchand ambulant, bon marcheur, est un montagnard venant des Alpes, en particulier de l'Oisans, du Massif Central, par exemple du village de Marcenat*. Les travaux agricoles n'étant plus possibles en raison de la rigueur du climat, il part à la Toussaint pour ne rentrer qu'à Pâques. Cette migration saisonnière lui fournit un complément de ressources. Parfois il emmène son fils dès 10, 12 ans et à la fin du siècle, sa femme pourra l'accompagner. Bien sûr, il doit savoir lire, écrire, compter comme le stipule un décret de 1727.

Comment voyage-t-il?

Le colporteur voyage d'abord à pied, portant sa hotte sur le dos. Ensuite, si le commerce va bien, il pourra s'acheter un âne, une bicyclette ou même une voiture tirée par des chevaux. Il dort souvent dans une grange avec toutes les recommandations du propriétaire pour éviter les incendies provoqués par les cigarettes. Il va de village en village s'annonçant avec son porte-voix. La plupart du temps, les villageois heureux de sa venue lui offrent ses repas.

Ce métier est très dur, car les voyages se font essentiellement en hiver. Le colporteur craint la maladie et les mauvaises rencontres. La mort est parfois au rendez-vous comme le témoigne un descendant de colporteurs qui en faisant des recherches généalogiques a découvert que nombre de ses ancêtres étaient " morts sur la route ".

Un colporteur, sur le chemin
Colporteur à pied, photo extraite de "Marcenat des origines à nos jours" *

Que vend le colporteur?

Il apporte aux villageois tous les produits nécessaires à la vie quotidienne qu'ils ne peuvent produire eux-mêmes. Il vend des herbes médicinales, des onguents, du savon de Marseille, des bijoux, des almanachs, des lunettes, des images pieuses, des livres si ces derniers portent bien l'estampillage colportage avec le nom du département et l'année, mais surtout tous les articles de mercerie et les tissus, notamment les fonds de coiffe avec leurs broderies blanches qui arrivaient de la région de Nancy.

C'est à l'éventaire du colporteur que les paysannes vont trouver les éléments du trousseau qu'elles vont confectionner ainsi que les éléments de la coiffe qu'elles fourniront ensuite à la lingère pour qu'elle la leur réalise. Il se procure ces fournitures souvent directement chez les fabricants, dans les ateliers, ainsi la soie et les rubans provenaient de St-Etienne, les broderies de Nancy, la toile des Vosges, ou bien auprès des fournisseurs en gros. Les tailleurs leur vendaient les petites chutes de rubans qu'ils proposaient ensuite à leurs clientes à un prix abordable pour elles.

Ils renouvellent leur stock dans des relais qu'ils trouvent sur leurs chemins ou sur les foires. Ainsi dans notre région, les châles qui venaient d'Espagne étaient vendus par des Espagnols qui venaient les échanger contre des mules dans le village de Noemay lors des foires, le lieu de ces transactions porte encore de nos jours le nom de Place de la Foire aux Mules.
Passant régulièrement, au moins une fois par an, il connaît bien les goûts de ses clientes et il sait ce qu'il doit leur proposer ainsi que le fait Mathias, le colporteur de Ramuz: " J'ai pensé à vous, Mesdemoiselles... Dites-moi, si ça n'est pas fait tout exprès pour vous ".

Le déclin

Peu à peu certains de ces colporteurs, faisant fortune, vont se sédentariser. Ils vont s'installer dans la région où ils colportaient, continuant leur commerce de toile et de mercerie. Ayant pignon sur rue, ils seront présents néanmoins sur les foires et les marchés locaux.
Les grands magasins, les ventes par correspondance vont contribuer à leur déclin. Le métier de colporteur disparaîtra complètement après la première guerre mondiale.

* Charles-Ferdinand RamuzLa séparation des races,  Nouvelles éditions Oswald, 1979
* Les Moniales Du Monastère De La Mère De Dieu Znaménié . Préf Jean DutourdMarcenat des origines à nos jours,  Editions Monastère M.D. Znaménié, 1992.