Quel que soit le type de coiffe, on retrouve presque toujours les mêmes matériaux, mais leurs dimensions, leurs formes varient.
Carton et tissus
Le carton
Sous l'Empire, le carton remplace peu à peu les calottes matelassées trop épaisses, inconfortables et longues à réaliser. Il va permettre de rigidifier et de varier les formes des coiffes, appartenant au même type. Ils peuvent être fournis par la lingère qui personnalise ainsi les formes de ses coiffes ou provenir aussi de récupération, comme les calendriers que l'on devine à l'intérieur de certaines coiffes. Avant le carton, la Pantine de Neuville utilisait du bois recouvert de tissu. Dans la région, on retrouve de nombreuses calottes moulées fabriquées par Madame Roullin, calottière à Cognac.
Les tissus: chanvre, lin, coton
Les anciennes Péleboises étaient confectionnées en linon, tissu de lin très fin, sans doute fabriqué localement. On retrouve des bonnettes en chanvre que les femmes plaçaient sur leurs cheveux pour protéger la coiffe. Mais le lin et le chanvre utilisés au départ vont être rapidement remplacés par le coton dès son arrivée sur le marché.
Souvent le tissu de coton constitue le corps de la coiffe, c'est en coton que sont réalisés les bonnets pour tous les jours ainsi que les bonnets de nuit. Pour les garnitures, le tissu brodé vient essentiellement des ateliers de Nancy. Parfois, on récupère des chutes de beaux vêtements usés car les besoins ne sont pas importants.
Les dentelles
La dentelle sur les coiffes est un signe certain de richesse, les paysannes cherchent à utiliser ce qu'elles voient sur les vêtements des nobles et les dentelles utilisées proviennent parfois des vêtements laissés aux domestiques. Les deux grands genres de dentelle universellement reconnus – et les plus anciennes – sont les dentelles aux fuseaux et les dentelles à l'aiguille. Viendront ensuite les dentelles mécaniques et les fausses dentelles.
La dentelle à l'aiguille
La dentelle à l'aiguille peut être considérée comme un dérivé perfectionné des broderies à jour. Elles sont exécutées sur un patron en vélin ou en parchemin. On passe un ou plusieurs fils sur le contour du dessin et à ces fils de contour, viennent se rattacher les points de dentelle, point de tulle et point de fond. On rebrode ensuite les motifs au point de bourdon. Le point de Bruxelles, appelé aussi point d'Angleterre, est réalisé sur un fond composé d'un seul fil très délié à mailles hexagonales sur lequel sont appliquées des fleurs brodées hors du réseau. À Alençon, les dentellières aidées par les ouvrières italiennes copient le point de Venise. Puis, vers 1690, elles créent leur propre point qui portera le nom de point d'Alençon ou point de France qui connaîtra son apogée au XVIIIe siècle dans toutes les cours européennes. Déclarée à l'exposition universelle de 1851 comme la reine des dentelles, elle va décliner en fin de siècle suite à la mode et à la production en masse de dentelles mécaniques. |
La dentelle au fuseau
La dentelle au fuseau se fait sur un métier appelé carreau. On attache ensemble au sommet du patron les fils des nombreux fuseaux. Le travail consiste à dérouler et entrecroiser les fils en les passant les uns par-dessus les autres selon un mouvement de rotation. Chaque point est retenu au moyen d'une épingle qui change de place au fur et à mesure de l'avancée du travail.
Cette technique venait d'Italie et de Bruxelles, des centres furent créés en France dès le XVIIe siècle au Puy, à Valenciennes, à Malines et à Chantilly. Au cours du XIXe siècle, la fabrication se transporta en Normandie près de Caen et de Bayeux. À Caen, en 1850, on dénombre 102 fabricants de dentelle de soie au fuseau appelée Blonde de Caen.
La dentelle de Malines se fabrique d'une seule pièce au fuseau. Le fil qui borde le contour extérieur de toutes les fleurs et qui en dessine les formes donne à cette dentelle l'apparence d'une broderie.
La dentelle dite Valenciennes se fait au fuseau, à fils coupés, d'une seule fois, fond et broderies, tantôt à mailles rondes, tantôt à mailles carrées. Sa solidité la fait rechercher par les classes moyennes du XIXe siècle malgré son prix élevé. Elle nécessite 800 à 1500 fuseaux, et les dentellières mettent 35 à 45 minutes pour réaliser une dentelle qui ne demandera que 3 ou 3,5 minutes pour réaliser la même quantité en dentelle de Lille. À partir de 1850, la dentelle mécanique inondera le marché.
La dentelle de Lille est plus variée dans ses dessins que la Valenciennes mais beaucoup moins solide. D'abord réalisée en fil de lin, elles se confectionnera par la suite en fil de coton et la fabrication se mécanisera.
Le réseau du point de Paris se compose de mailles hexagonales formées par simple torsade de deux fils et disposées de manière à laisser entre elles de petits espaces triangulaires. Les dentellières y adaptent des ornements analogues à ceux de la dentelle de Malines, donnant naissance au point de Paris moderne. Souvent on désigne sous le nom de façon de Malines les dentelles dont, comme le point de Paris, les fleurs et les ornements sont entourés de gros fil plat caractéristique de la Malines proprement dite.
La dentelle mécanique
Les premiers essais sont faits à Nottingham en Angleterre en 1768. Dès 1816, des Anglais installent des métiers Leavers à Calais. En 1830, on applique le système Jacquard à ces métiers, ce qui va permettre de réaliser de la dentelle véritable, dite de Calais, qui ne va cesser de se développer et de se perfectionner au cours du XIXe siècle. À Lyon, on utilise dès 1824 le système jacquard pour reproduire mécaniquement les motifs. En 1836, Ferguson réussit à imiter la dentelle de Chantilly qui prend le nom de dentelle de Cambrai.
La fausse dentelle
À Loudun, on fabrique une fausse dentelle qui imite les motifs de la dentelle au fuseau. Ce sont des broderies sur tulle qu'exécutent les femmes à la maison. Les modèles leur sont fournis. Avec du fil blanc, la brodeuse définit le contour du motif au point de reprise, puis elle brode l'intérieur au point de bourdon ou de feston. Ensuite elle relie les motifs entre eux par des roues ou araignées et découpe le fond. On retrouve cette fausse dentelle appelée aussi Tulle de Loudun sur les Câlines de Thouars.
La soie
La soie est une fibre qui remonte à plus de 4000 ans et qui a toujours fasciné l'homme par ses qualités, sa légende et l'usage traditionnel qui en a été fait, réservé aux vêtements de cérémonie pour les puissants. Elle marque le rang, le privilège, la fortune. Il n'est donc pas étonnant que dès que ce matériau va devenir accessible, il entrera dans la confection de la coiffe. Il faudra pour cela attendre l'Empire.
Il y a deux manières de travailler la soie : en uni et en façonné. Selon la méthode de tissage, les soieries unies prennent le nom de taffetas, de satin, de sergé, et selon leur composition, on appelle les soieries façonnées, crêpe de chine, velours lamé, broché... Sur les coiffes anciennes, on ne trouve pas de soie, à part des rubans peu larges, légèrement brochés. Le satin de soie apparaît plus tard, on le place sous les dentelles. On en trouve sur les anciens Cayons de Civray datant des années 1840. Le satin coton/soie apparaissant entre 1880 et 1890, le tissu va devenir plus abordable et se répandre plus largement. |
La soie devenant plus accessible, le marché va se développer rapidement. On l'utilisera pour recouvrir le carton mais il restera un matériau noble, signe de richesse.
Les rubans
Utilisés pour cacher la nuque et comme ornement, les premiers rubans sont en taffetas, puis en satin, de couleur ivoire, parfois bleus, plus rarement ocres. Très peu larges au début, ils vont prendre une largeur et une longueur exagérées pour certaines saintongeoises.
Leurs motifs sont très variés, il est très rare de retrouver deux rubans identiques. Ces motifs sont souvent empruntés au monde de la nature, des fruits et des fleurs des champs, des roses, pivoines, œillets, iris, chardons, etc... On remarque parfois des motifs géométriques.Cette variété de motifs peut s'expliquer par la concurrence entre fabricants et par la nécessité d'une offre diversifiée.