Petites variations et approches pour appréhender ce qu'est l'ikat.
Les vibrés de l'ikat
Tous les ikats sont reconnaissables à un caractère visuel particulier, qui fournit une sorte d'énergie interne aux tissus : les contours des motifs ikatés “vibrent”. Ces vibrés tiennent au fait d'abord que les limites des réserves sont un peu floues : la teinture fait une sorte de dégradé entre les zones où elle pénètre pleinement dans la fibre et celles où elle ne pénètre pas. D'autre part, quand on utilise des fils ikatés pour monter une chaîne de tissage par exemple, la tension de ces fils sur le métier varie, ce qui induit à nouveau de petites variations aux contours. Les vibrés dépendent aussi des fibres utilisées : la soie, le coton, ou la laine ont leur élasticité propre.
Enfin, l'ampleur des vibrés dépend de la qualité de la réalisation. Chaque type d'ikat met ainsi en jeu un subtil équilibre entre la rigueur visuelle de sa construction et cette dynamique interne des vibrés qui cherche à s'en échapper.
Les types d'ikat
On distingue trois types d'ikats :
• l'ikat chaîne, où les fils de chaîne seulement sont réservés et créent les motifs. Lors du tissage, le fil de trame utilisé est de couleur unie et le plus souvent quasi invisible. L'ikat chaîne est présumé le plus ancien, et c'est aussi le plus répandu.
• l'ikat trame, où les réserves et teintures alternées ne portent que sur les fils de trame. La chaîne est alors unie, et c'est la trame qui prédomine visuellement.
• l'ikat double : fils de chaîne et de trame sont réservés et teints spécifiquement. Les motifs sont conçus pour que les profils de couleurs se correspondent sur la chaîne et sur la trame. C'est le type le plus long et le plus complexe à mettre en œuvre. Il n'est tissé que dans la province du Gujarat dans le nord-ouest de l'Inde, dans un petit village à Bali, et un peu au Japon.