Lorsque tu longes les pierres
ces parements de murs étanchant les yeux
c'est un matin d'août
nul été ne comble mes lèvres
comme tes gestes qui séparent l'air et l'espace
l'éternité l'illusoire les pans de rêves écroulés
Préparer l'amour par ta bouche et cette terre en elle
épaissie d'années et de matins semblables
Inséparable de l'amour
est cette voie vers les territoires dépouillés de leur gangue
nous appelant pour quelque échange imprévisible
derrière l'apparence aride
Si nous marchons dans les villages et dans l'été
c'est d'une même allure vers ce reflet de bois
indécision de l'humus ou forte pluie sur les maïs
la respiration toujours plus retenue à l'abord des maisons menacées
de ces générations qu'ici rien ne remplacera
Je tiens ta main comme un univers familier après un long sommeil
aucun de nos pas ne trébuche
le sol s'agrège à la mémoire
L'orme au bord de ce cheminement soudain nous couvre d'ombre
patience presqu'immobile, presqu'aveuglante
Le soleil sur nos visages
le désir d'humanité sur les champs mauves, gris