Nous avons pris demeure maintenant
Rien ne nous modèle comme le cycle des averses
dans cet hiver fixe des tempes
De ce village-ci
qui chaque jour s'affaisse encore dans l'argile
nous partageons les amitiés désespérées
les visites des gens d'ailleurs
(Ils s'en retournent
avant que la parole ne le cède à l'ombre tout à fait
avant la nuit des membres)
Je pense à toute la raideur du monde
à ces voisins qui font provision
pour les journées plus froides d'un peu d'air
d'un peu de regard sur les jardins
Passée la Saint Michel chacun range ses silences
chacun s'aménage une étendue de souvenirs
pour affronter l'égarement des pluies
On bouche les fissures aux portes du corps
L'été à terme
mais inscrire le désir
l'odeur de l'encre du voyage
les labours parcourus
du pas de l'incertitude ou du vouloir
Et pareillement toute grâce apprise
dans les décombres, peu à peu