Quand ce sera la halte un soir
en ce pays au bord d'un orme
après tous les arrachements possibles
je m'approcherai encore de ton nom j'irai fouiller tes lèvres
de cet amour qui nous laisse blessés béants, dans ces ruines
Quand ce sera le refuge tout au bout de l'errance
l'amour enfin vécu de l'intérieur des veines
je te dirai la joie parmi nos linges
nos feux de veille nos seuils, la joie serrée
transmise aux passants inconnus
Cette nuit-là nous coucherons peut-être
aux rives d'une quelconque route
avec des aboiements de chiens au fin fond des villages
Nous serons étendus, protégés des maïs
de leur musique si tremblée si large qu'elle fait croire à la vie
Je te prendrai l'épaule une dernière fois
comme depuis des années dans le silence abrité du sommeil
Nous remuerons un peu de notre histoire
les branches dans les étangs de l'enfance
la montée du désastre sur les hommes
quelques mots qui s'attardent dans le plein des poitrines
Au matin, nos corps dans la rosée
cendres déjà
musique sur la terre très ancienne et lente