Le témoignage émouvant de Paul Lévêque, appelé en Algérie en 1956.
L'histoire des cahiers
C'est après son décès que ses enfants les découvrent et, avec ces cahiers, la densité du témoignage de leur père. Ils les transcrivent en numérique, les annotent, et souhaitent les voir publier. Si l'association Parole & Patrimoine décide de les éditer et d'en faire un livre, c'est, qu'au-delà de l'émotion d'une expérience vécue, ce récit révèle une écriture singulière, et la voix d'un jeune homme particulièrement attentive à l'incohérence du monde dans lequel il est plongé.
Un extrait de la préface
Ces mots qu'il confie à son journal se veulent discrets, presque distants. On ne trouvera pas ici de grandes idées, des affirmations péremptoires, mais seulement parfois, en plus des faits qu'il raconte avec précision, une réflexion : " Cette sortie-là n'a encore servi absolument à rien " ou bien " Dire que ce sont ces gens-là que nous venons défendre ! " Cette distance, on la retrouve dans son rapport aux autres appelés comme lui. S'il tisse des liens d'amitié, il regarde d'un œil lointain les chahuts et les soûleries, tous les défouloirs habituels des soldats.
Quelquefois cependant l'horreur déborde, et c'est la dimension la plus prenante de ce récit, quand l'homme "ordinaire" est confronté à la haine. On détruit les habitations : "ils entassent les branches de la palissade dans la maison et y mettent le feu. Je ne l'ai pas vu allumer mais je suis venu aussitôt après. Le spectacle n'est pas beau à voir et je suis remué et écœuré ". On fait des fouilles, souvent inutiles, les femmes et les enfants se sauvent, les fellagas restent invisibles. Parfois, une longue marche, sous la chaleur immense, inutile elle aussi, et qui pousse les hommes à l'épuisement. [...]
La voix qui tisse ce récit ne s'oublie pas. Elle est simple, elle se veut modeste. Elle ouvre pourtant à la fois à la folie des hommes et à un extrême attachement à la vie, à travers la découverte passionnée de l'écriture.
La revue nationale l'Ancien d'Algérie chronique le livre dans son N° 535 de mars 2015. Mes cahiers d'Algérie est désormais épuisé et n'est plus disponile à la vente. |
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