Cette sensation d’abord peut-être d’une présence qui nimbe les jours, celle des visages bien sûr, mais aussi des lieux, des paysages d’humanité. Et que cette présence se nourrit d’une mémoire grande, celle des lointains de l’espace et du temps, celle des traces précaires, les œuvres, les images…
Tant d’effluves de mort sur les terres de ce monde
J’ai fouillé dans les photos anciennes
L’enfance est si lointaine, presque perdue dans la mémoire effilochée.
La terre lavée de fin d’hiver
ruisselante du trop plein d’eau
de la saison accumulée
Nous sommes dans l’errance du monde
nous nous agrippons aux saisons qui passent et changent
On part du bourg, il y a peu encore comme un gros village avec ses quelques commerces de campagne, et maintenant gonflé de lotissements, d’aménagements des quelques rues qui lissent le regard, qui n’écrivent plus d’histoires spécifiques.
Comment expliquer le déni de l’humanité face à des conclusions scientifiques alarmantes, alors que la science est au cœur de notre époque et son moteur évident ?
C’est un livre qui a marqué le jeune chercheur que j’étais, il y a plus de cinquante ans, et qui me revient à la figure aujourd’hui grâce à la parution d’un autre livre dont la trame romanesque s’inspire du premier.
C’est dans une petite ville de l’Ouest, une grande salle bien éclairée, avec des tables tout autour et des piles de livres sur les tables.
Les livres,
un peu partout posés dans la maison,
J’ai commencé de brasser la terre du jardin, il y a deux jours, dans l’humidité encore grande de cette terre lourde, avec qui je dialogue depuis cinquante ans.
Avec ceux qui sont proches vient la vie facile des rencontres et souvent de la confiance partagée.
C’est dans son atelier, sur les hauteurs de la maison, là où la lumière encore nimbée des montagnes entre à flot.
C’est comme un nid, c’est une maison qu’on a commencée petite, une sorte de cocon à même la terre un peu sauvage, parmi les arbres de ce pays du sud vers le Lubéron, avec de grandes trouées ouvertes au regard.
La Svanétie est une terre à part, nichée au pied du Grand Caucase, dans la partie ouest de la Géorgie.
D’une étape à l’autre en Géorgie, comment écrire la profusion de l’architecture, des reliefs sculptés, des peintures murales ?
Nous avons dormi à Akhaltsikhe, au sud-ouest de la Géorgie, au sein des montagnes du Petit Caucase.
On touche des mots parfois,
dans l’incertitude tremblée de la main
qui les couche sur la page,
Les hommes dans les bois font la brouille,
ils nettoient autour des arbres, c’est l’hiver,
Quand on revoit l’enfance, c’est à pleines brassées la certitude du monde.
Jour d’hiver mouillé qui respire à peine
Les jours qui rapetissent,
l’hiver, la saison qui s’en va vers la mort
Quand je m’éveille la nuit, je guette
Les ouvrages plus récents de Michel Serres ont continué de convoquer le textile, comme des petits cailloux éclairants tout au long du chemin.
Atlas1, en 1994, se veut le livre autour de ces questions : “ Où sommes-nous et que faire ? Oui, par où passer pour aller où ? […] Comment se repérer dans le monde, global, qui se lève ? ”
Le textile, c’est aussi le vêtement.
Après une pause, reprenons l’approche du textile dans l’œuvre de Michel Serres. En 1985, Les cinq sens1 explore les corps “ si vite changés en moins d’un demi-siècle ”.
On aurait pu titrer Circuit court et circuit long, ou Les méfaits de l’économie toute puissante, ou bien plus simplement L’absurdité.
Soir d’hiver, la pluie fouette le seuil,
la pluie s’insinue dans les vies de l’enfance