Appartenance sociale
Il existait une version grand deuil avec galon noir enserrant le tour de la coiffe et noué au sommet, le ruché est remplacé par une large bande de toile bordée d'un liseré noir, une version demi-deuil en mousseline unie avec un double ruché sur le sommet de la coiffe et un modèle de travail qui n'est autre qu'une rebifiette toute en mousseline ( Aux dires de plusieurs vieilles femmes du marais, cette coiffe n'a jamais représenté le deuil.)
Antériorité
Avant de porter ce modèle, les femmes de cette région ont porté le ramponneau (coiffe de cérémonie) et la capette (coiffe de travail).
D'après H. Gelin*, conservateur du musée du costume poitevin à Niort (1856), la coiffe carrée était une coiffe récente dérivée de la capette. Les dénominations sont assez confuses. Le nom générique, un peu discriminatoire de cette coiffe serait une carrasse (mot employé certainement hors région).
Dans le marais, on l'appelait poraude et dans la plaine garibaldi. Les appellations rebifiette (ou rebufiette) ou deux-rangs décrivaient plus précisément la coiffe. La rebifiette comportait 3 ruchés qui rebiffaient de chaque côté du visage, avec un plat au sommet. Le deux-rangs présentait seulement deux rangs de ruchés, sans plat.
Pourquoi Garibaldi ?
Que vient faire le nom de l'homme politique italien pour désigner une coiffe, lui qui n'est jamais venu dans cette région ? On n'a pas de réponse certaine à la question, mais une hypothèse.
Un peu d'histoire d'abord, pour comprendre... Lors de la première guerre d'indépendance italienne (1848-1849), Garibaldi prend le pouvoir à Rome, le pape Pie IX s'enfuit, puis des troupes françaises envoyées par le futur Napoléon III rétablissent le pape dans ses États Pontificaux, qui couvrent alors une part significatice du territoire italien.
Mais en 1870, juste après la défaite française contre la Prusse, Garibaldi entre dans Rome, Pie IX se dit " prisonnier ", mais la France ne bouge pas. Dès lors, certains membres influents de l'Église de France réagissent, dont Mgr Pie, inflexible évêque de Poitiers, chef de file des ultramontains favorables à la papauté, très proche lui-même de Pie IX, qui dit qu'en laissant faire, la France " a commis un crime national ", qu'elle a trahi son statut de nation chrétienne.
De la tradition orale ensuite, pour revenir à la coiffe carrée... Il s'est dit dans les villages que le fameux évêque de Poitiers aurait demandé à cette occasion à ses fidèles de montrer concrètement un signe de deuil, et que les femmes auraient alors mis en place sur leurs coiffes le cassé, cet aplat en haut de la coiffe, qu'on aurait nommé cassé de Garibaldi, pour bien marquer le mécontentement envers cet Italien anticlérical qui spoliait la papauté. Toutes les coiffes ayant ce cassé auraient pris par extension le nom de Garibaldi.
* Ch.Escudier H. Gelin, Costumes Poitevins, Editions Lafitte reprints Marseille 1978 (Réimpression de l'édition de Niort, 1896)