Tissu, soie et coton, ikat chaîne
Boukhara, Ouzbékistan
Ulos suri-suri, coton, ikat chaîne
Toba-Batak, île de Samosir, Sumatra, Indonésie
Flammé, coton, ikat trame
Charentes, France
Bet ana, coton, ikat chaîne
Biboki, Timor ouest, Indonésie
Tissu, soie, ikat chaîne
Marguilan, Ouzbékistan
Kimono, ramie, ikat double
Noto Jofu, Japon
Hinggi kombu, coton, ikat chaîne
Kaliuda, Sumba, Indonésie
Selendang, coton, ikat chaîne
Nggela, Lio, Flores, Indonésie
Kasuri, coton, ikat trame
Okinawa, Japon
Geringsing, coton, ikat double
Tenganan, Bali, Indonésie
Chiné à la branche, soie, ikat chaîne
Lyon, France
Pua kumbu, coton, ikat chaîne
Iban, Kapit, Sarawak, Malaisie
Tissu, soie, ikat trame
Palembang, Sumatra, Indonésie
Tissu de sarong, coton, ikat chaîne
Sikka, Flores, Indonésie
Tissu, coton, ikat chaîne
Toraja, Sulawesi, Indonésie
Hinggi kaworu, coton, ikat chaîne
Maudolu, Sumba, Indonésie
Bidang, coton, ikat chaîne
Iban, Kuching, Sarawak, Malaisie
Tissu de sarong, coton, ikat chaîne
Savu, Indonésie

L'ikat,
sur les fils, la couleur teinte, réservée.
Sur les fils, l'alphabet
des motifs et des figures.

 L'ikat,
le temps long des mémoires
et des cultures,
textiles porteurs de vie.

Ikats, tissus de vie est l'aboutissement de quarante années de parcours à travers le langage textile et l'ikat, et à travers les territoires qui le produisent.

Au commencement...

Après avoir fait de la recherche scientifique en Physique du Solide, Rémy Prin découvre avec son épouse Monique le flammé charentais que Pierre Couprie, un collectionneur de coiffes, leur présente. Nous sommes en 1975, et les vibrés de ce tissu les fascinent. Ils décident tous deux de créer des textiles contemporains dans cet esprit, mais en utilisant la chaîne plutôt que la trame comme support de teintures. Le mot ikat leur est alors inconnu.

En septembre 1976, ils sont à Leningrad, au Musée ethnographique des peuples de l'URSS d'alors. Un espace d'interprétation reconstitue la vie en Ouzbékistan : près d'une yourte, des écheveaux de soie ligaturés, et des ikats en soie, aux grands motifs. Ils y voient les mêmes vibrés que dans le flammé, qui insufflent au tissu cette dynamique de l'intérieur de la toile. Peu après, à Paris, ils achètent le livre The Dyer's Art, que vient de publier Jack Lenor Larsen aux États-Unis : l'ikat y occupe une bonne part. C'est la découverte du mot et du fait surtout que cette technique a été utilisée dans bien des pays et que des créateurs contemporains, aux États-Unis notamment la revisitent.

Textile/Art

Dès lors, tous deux vont creuser ce sillon de l'ikat contemporain durant presque vingt ans, ils vont exposer leur travail en France dans des expositions consacrées au textile (Musées d'Auch, d'Angoulême, des Arts Déco à Paris, de l'Impression sur étoffes à Mulhouse, Maison de la Culture de Chambéry...) et à l'étranger (sélection aux expositions ITF 87 et 89 à Kyoto, Japon, Invitation à la 6ème Triennale de la Tapisserie de Lödz, 1988, Pologne...). Ils animent des ateliers sur l'ikat en Belgique, au Québec et en France. Ils entrent en contact avec des créateurs textiles qui utilisent l'ikat, notamment Virginia Davis et Lia Cook, qui les accueillent à Berkeley en 1988 et viennent les voir en France, ainsi que Yoshiko Wada.

En 1979, Monique et Rémy Prin sont invités au Symposium Rencontre Art Textile à Cannes, pour animer un atelier d'ikat durant 3 semaines. Rencontres fructueuses alors avec Patrice Hugues et Pierre Daquin, parmi d'autres. Quelques mois plus tard, Michel Thomas, l'organisateur de la rencontre, invite Rémy à faire partie du comité de rédaction de la revue Textile/Art qu'il dirige. Il y écrit durant 6 ans, notamment sur les rapports de l'informatique et du textile, ceux des mythes fondateurs et du textile, et sur le travail des créateurs. Il y côtoie Nadia Prête, Françoise Pelenc et Jean-François Mathieu, qui animent aujourd'hui le site textile-art-revue.fr. Rémy donne quelques conférences sur l'ikat, comme au Centre Textile Contemporain de Lyon, à l'invitation de Malitte Matta.

Les voyages

Le bouillonnement culturel autour de Textile/Art et les recherches que Rémy entreprend à propos des ikats, en lisant les travaux des ethnologues anglo-saxons spécialisés, la découverte d'expos en Europe sur l'ikat (Ikat in Katoen à Amsterdam en 1982) les incitent à partir à la découverte des ikats sur leurs terrains d'origine.

À partir de 1985, ils voyagent entre Orient et Occident, d'abord en Indonésie, puis en Asie Centrale, mais aussi au Yémen, dans le Caucase et l'Anatolie, en Chine, en Iran et en Malaisie. À chaque fois, le voyage se fait à la rencontre ou à la recherche des ikats, de celles et ceux qui les tissent, mais aussi des patrimoines et des modes de vie qui “ font l'âme ” d'un territoire.

Ces voyages dans les territoires d'ikat se doublent d'un voyage dans la connaissance, car les publications en anglais sur le sujet peu à peu se multiplient, articles, thèses, mais aussi beaux livres en écho aux expositions dédiées à l'ikat.

  Exposition Textile, le sensible et l'intelligible, 1991, Chambéry

Extrait du catalogue de l'exposition Textile, le sensible et l'intelligible,
ikats de Monique et Rémy Prin
Maison de la Culture de Chambéry, 1991

  Textile Informatique : un parcours, exposition à Chambéry, 1983

Catalogue de l'exposition
Textile Informatique : un parcours,
travail avec un groupe de tisserands, animé par Monique et Rémy Prin
Chambéry, 1983

  Exposition Lia Cook, Galerie nationale de la tapisserie et d'art textile, Beauvais, 1983

Catalogue de l'exposition
Lia Cook, identités textiles N° 2,
extrait du texte de présentation par Rémy Prin
Beauvais, 1983

 Devant les réserves sur les fils  Dans le ruai près de Bangie qui tisse et Ulsha

La collection

Ces voyages sont l'occasion d'acquérir des ikats, comme naturellement à la suite des rencontres sur place avec les tisserandes ou les tisserands. Mais des rencontres se font aussi dans des galeries, chez Myrna Myers à Paris avec Katherine Merck-Packard, ou à la galerie Mabuhay à Amsterdam, par exemple. Peu à peu se constitue une collection, essentiellement sur des coups de cœur partagés.

Vers 2009, naît l'idée de créer un projet combinant un livre et une exposition, pour donner enfin au public français une occasion d'apprécier les ikats dans un large panoramique, de l'Orient à l'Occident. Et, si les voyages et leurs lots d'acquisitions continuent, les achats se font plus ciblés via le web et ses enchères, pour étoffer le fonds d'ikats à bon escient. En 2017, la collection compte plus de 120 pièces et décline tout le parcours proposé dans le livre et l'exposition.