Il fait nuit déjà. J'entends le lent ruissellement de tes mains sur la laine
Le poids des versants sous la longue indifférence
Des cailloux roulent, des gens viennent sur des routes perdues, les paroles s'effritent, jour sur jour
Mais que poursuivons-nous, crainte impalpable, fragile inquiétude de l'amour
Je lève les yeux, les flammes pénètrent le bois, l'encerclent, osmose inoubliable des moments de l'enfance
Ton corps déplie ses voix souterraines, s'accorde au rythme émouvant de la nuit
Quelque part, deux gorges s'ouvrent à la tendresse - flot, branches, lèvres remuées, soleil des bras partageant l'air
Quelque part, un homme rentre, s'assied, dit calmement des mots de fatigue étoilée
Je pense à cette repousse de l'herbe devant la maison, cet après-midi de septembre, touchée de biais par le soleil : légère couche colorée, sexe gonflé de jeune fille
Quoi d'autre la vie, sinon cet ourlet intime dégagé des choses, cette humble résonance des chevelures de femmes
Dehors, la nuit restitue les murmures, allège indéfiniment les absences