Saint-Pierre est érigée sur le plateau, elle domine largement le vallon de la Béronne, bien au nord du noyau urbain.
Silhouette, style
Ce lieu dépendait de l'abbaye de Saint-Maixent, et l'édifice actuel est construit vers le milieu du XIIe siècle, sur un plan en croix latine. Le chevet sépare clairement l'abside des deux absidioles, rappelant, avec moins d'ampleur celui d'Aulnay, avec qui Saint-Pierre entretient quelques parentés.
Silhouette familière donc, mais les fenêtres du chevet attirent et l'on s'approche, découvrant la variation des motifs géométriques décorant les arcs, dents de scie, pointes de diamant, simples tores ou billettes massives, ou bien encore entrelacs végétaux subtils qui se fondent parfois sous les lichens. Un style où l'ordre, la mesure, la finition sont les mots clés.
Une cohérence intime
On va vers le sud, vers le portail d'entrée largement restauré. Ce dont l'œil s'imprègne ici, c'est l'ensemble de l'élévation sud, son dégagement vers le vallon en contrebas, la sérénité des entours, qui préparent au passage de la porte, au franchissement vers le monde intérieur.
Est-ce parce que l'église, désaffectée, est vide ? L'harmonie des volumes porte le corps quand on entre. Non qu'il y ait ici beaucoup d'ampleur, ni d'exiguïté. Mais tout se tient dans une cohérence intime, à la mesure de l'homme, comme on le ressent quand on découvre la nef du haut de la tribune à l'ouest. La voûte et ses arcs doubleaux, les arcades qui tamisent à peine la lumière, cette sorte d'équilibre qui s'articule d'une part à l'autre font le bonheur de la vision.
Les images de la nef
Dès lors, les images viennent comme naturellement, dans le mouvement plus approché quand on marche et s'arrête, allant comme une abeille lente d'un chapiteau à l'autre puiser le dialogue de l'ombre et de la lumière. Il y a d'abord ici une élégance intense dans le végétal, ses entrelacs ou ses formes plus simples. L'homme d'ailleurs se mêle à ces rinceaux tout aussi grands que lui.
Une citation
L'on est, en premier, sensible à l'harmonie de la silhouette, appareillée du beau calcaire ocre de la région, au soin particulier des trois absides, dont les fenêtres s'encadrent de larges voussures à colonnettes et larmiers débordants, richement moulurées et décorées, au charme des modillons diversement sculptés, où apparaissent quelques "copeaux" à la mode d'Auvergne.
Raymond Oursel, Haut-Poitou Roman, Zodiaque (1975)