Lamairé, Poitou
Oiseaux à la nacelle, chapiteau portail ouest
Melle, Poitou
Église St-Savinien, voussure du portail sud
Moissac, Quercy
Visage de saint Paul, trumeau du portail
Civray, Poitou
Zodiaque, les Gémeaux, portail ouest
Bussière-Badil, Limousin
Chapiteau de la nef
Vouvant, Vendée
Modillons de l'absidiole nord
Rioux, Saintonge
Arcature façade ouest
Souillac, Quercy
Visage d'Abraham, ancien trumeau
Nuaillé sur Boutonne, Saintonge
Un roi mage, portail ouest
Lichères, Angoumois
Voussure du portail ouest
Aulnay de Saintonge, Poitou
Visages des vertus, portail ouest
Aubeterre sur Dronne, Angoumois
Chapiteau du portail ouest
Oloron Sainte-Marie, Béarn
Vieillards de l'Apocalypse, portail ouest
Besse, Limousin
Adam et Yahvé, portail ouest
Marignac, Saintonge
Chapiteau de la croisée du transept
Rétaud, Saintonge
Chapiteau pilier de la façade ouest
Beaulieu, Quercy
Le Christ, tympan du portail
Argenton les Vallées, Poitou
L'Époux et une vierge sage, portail ouest
Poitiers
Façade de Notre-Dame la Grande, la Visitation
Saintes, Saintonge
Abbaye aux Dames, arcade latérale
Angoulême
Un ange, façade de la cathédrale

Les monstres, la violence,
les images en réseau
sur l'édifice.

La rigueur des modèles,
l'imaginaire,
la création...

Quel écho de l'art roman
n'est pas contemporain ?

Nuaillé sur Boutonne et Varaize

Deux images de deux sites différents de Saintonge, Nuaillé sur Boutonne et Varaize, dont on pourrait penser qu'elles n'ont rien à voir entre elles. L'une au sein d'un portail, l'autre sur un modillon. Détaillons...

Le portail de la petite église de Nuaillé comporte deux voussures. La voussure externe raconte l'enfance du Christ. À son sommet, Marie et son enfant, et à côté, trois personnages, debout, qui avancent vers la jeune mère et son fils, lui portant des cadeaux. Ils viennent d'Orient, nous disent les textes, ils ont suivi dans le ciel un astre qui les guidait vers cet enfant singulier, qu'ils prenaient pour un roi puissant. Ce sont des mages, des savants sans doute de ce temps-là, qui savent lire les étoiles.

C'est le premier d'entre eux qui est sur l'image. Il marche, il porte en avant son cadeau, posé sur un linge précieux dont on voit les plis descendre jusqu'à ses genoux. On devine aussi la richesse du vêtement, ses motifs de broderie peut-être. L'homme est couronné, car ces mages d'Orient, croit-on, sont aussi des rois. Il porte un collier de barbe. Bien que peu modelé, le visage intrigue par son extrême présence, l'indécidable de son expression. Effort, attention, recueillement, douleur presque, comment qualifier ce regard tendu, ces lèvres étranges, cette maigreur des joues ? On dirait cet homme tourmenté, alors qu'il arrive au bout, au but, de sa quête.
L'autre image est à la corniche de l'abside, à Varaize, quelques kilomètres plus loin, et vers la même période. C'est un musicien qui joue une sorte de harpe. Quelques traits marquent ici aussi le souci du détail : les chaussures du personnage, le système d'attache des cordes au sommet de l'instrument. Mais c'est le visage, là encore, qui frappe par son étrangeté. Pas de couronne, mais une chevelure soigneusement dessinée, dont la courbe accompagne celle des yeux. Et surtout, il est, ce visage, dans la même ambiguïté qu'à Nuaillé. Traversé par l'inquiétude, il est en même temps absorbé par son geste. Effort de produire et d'écouter la musique. Le musicien, comme le mage, est au bord de l'abîme, et son visage également allongé, penché sur sa harpe, semble guetter en lui des profondeurs qui le dépassent.

Deux images si proches dans ce rendu de l'expression et de la présence, qu'on imagine que c'est le même imagier qui les a fait naître, après avoir travaillé sans doute auparavant au chevet d'Aulnay. Au-delà de leur contenu, de leur contexte, certaines images romanes, encore anonymes, nous interpellent autrement pour ce qu'elles sont : des œuvres marquées du signe de leur créateur.

Nuaillé sur Boutonne (17), voussure du portail, le roi mage
Varaize (17), modillon de l'abside, le musicien