Marignac, Saintonge
Chapiteau de la croisée du transept
Saintes, Saintonge
Abbaye aux Dames, arcade latérale
Beaulieu, Quercy
Le Christ, tympan du portail
Besse, Limousin
Adam et Yahvé, portail ouest
Civray, Poitou
Zodiaque, les Gémeaux, portail ouest
Rétaud, Saintonge
Chapiteau pilier de la façade ouest
Lamairé, Poitou
Oiseaux à la nacelle, chapiteau portail ouest
Nuaillé sur Boutonne, Saintonge
Un roi mage, portail ouest
Bussière-Badil, Limousin
Chapiteau de la nef
Lichères, Angoumois
Voussure du portail ouest
Vouvant, Vendée
Modillons de l'absidiole nord
Oloron Sainte-Marie, Béarn
Vieillards de l'Apocalypse, portail ouest
Aubeterre sur Dronne, Angoumois
Chapiteau du portail ouest
Rioux, Saintonge
Arcature façade ouest
Souillac, Quercy
Visage d'Abraham, ancien trumeau
Angoulême
Un ange, façade de la cathédrale
Argenton les Vallées, Poitou
L'Époux et une vierge sage, portail ouest
Poitiers
Façade de Notre-Dame la Grande, la Visitation
Moissac, Quercy
Visage de saint Paul, trumeau du portail
Aulnay de Saintonge, Poitou
Visages des vertus, portail ouest
Melle, Poitou
Église St-Savinien, voussure du portail sud

Les monstres, la violence,
les images en réseau
sur l'édifice.

La rigueur des modèles,
l'imaginaire,
la création...

Quel écho de l'art roman
n'est pas contemporain ?

C'est l'historien d'art Henri Focillon qui, au début des années 1930, formula cette loi du cadre qui dit que la sculpture romane est soumise à son support d'architecture, et qu'elle ne peut se déployer que dans la contrainte de ce cadre.

Parthenay le Vieux (79), sirènes à la croisée du transept

Ceci vaut pour tous les emplacements où la sculpture prend place dans une église, mais est particulièrement vrai pour le chapiteau. Et l'on sait que la contrainte est une des conditions de la créativité : les imagiers romans ont poussé jusqu'à l'extrême l'exploration des limites à ne pas dépasser pour que le chapiteau " tienne " et tienne son rôle architectural.

Petit parcours, en commençant par la croisée du transept de Parthenay le Vieux, vers l'an 1100, au moment donc où les figures commencent d'investir, en Poitou, la sculpture romane. Ces sirènes, si expressives dans leur facture pourtant encore simple, laissent voir le support sous elles et la forme " nue " de la corbeille. Les corps sont comme plaqués sur elle, mais ils suivent tout de même les deux arêtes du chapiteau, en le renforçant donc.

À peu près à la même période, voire même un peu après, à Consac en Saintonge, on adopte une attitude traditionnelle vis-à-vis de la sculpture des chapiteaux. Certes, ceux-ci ne portent que des motifs géométriques simples, mais ils ont peu de relief, et ce décor suit au plus près la forme architecturale sous-jacente.

À la façade ouest d'Aulnay – on approche là le milieu du XIIe siècle – la figure, à l'inverse des exemples précédents, fait presque oublier le chapiteau. Le relief est saisissant de ce monstre inspiré de l'Orient, il apparaît comme libéré de toute contrainte. Ce n'est pourtant pas le cas, mais l'imagier a exploité au maximum le contexte de l'architecture : ce chapiteau repose sur deux colonnes jumelles, ce qui permet d'évider sa partie centrale et de garder les forts volumes de matière de chaque côté, ainsi qu'à son sommet.

Au sud du portail, à Oloron Sainte-Marie, le chapiteau aux deux monstres symétriques décline bien lui aussi la loi du cadre. Les têtes et corps des monstres suivent aussi les deux arêtes. Mais comme les figures n'occupent pas toute la hauteur, elles sont prolongées par le support de la corbeille taillé en forme de large arête. De même, au milieu de la corbeille, prolongeant les pattes, un petit contrefort vertical rejoint le tailloir, et deux fortes volutes rejoignent en courbe les arêtes.
Ainsi, la plupart des chapiteaux sont pensés et créés à partir de cette contrainte architecturale, contrainte que le regard oublie vite, tant l'invention du décor et des figures fait prégnance, et que l'effet d'image prend le pas sur le reste.

Consac (17), chapiteau de la travée sous clocher
Aulnay (17), baie aveugle gauche
Oloron saint-Marie (64), chapiteau côté sud du portail