Ou plutôt des mondes, car les modillons font voir à la fois une réalité de l'époque romane et l'imaginaire des imagiers.

Car ces guirlandes de figures qui courent en rythme le long des corniches, qui entourent les absidioles ou les absides ont sans doute été sculptées au bon vouloir des imagiers eux-mêmes. Si l'iconographie des portails et des chapiteaux relèvent des commanditaires et du message religieux qu'ils souhaitent montrer aux fidèles, celle des modillons, haut placés et dispersés tout autour de l'édifice, était laissée à la volonté des sculpteurs.

Ceux-ci, dès lors, peuplent les modillons d'une grande variété. On y trouve des monstres et des animaux du bestiaire, des symboles religieux comme les deux oiseaux buvant dans une même coupe, des couples d'amoureux qui s'enlacent, des chevaliers en habit de guerrier, des musiciens, des acrobates, des visages, des scènes de dévoration, des entrelacs et autres motifs géométriques, des figures familières comme l'homme qui tient sa barrique, des bouffons...
Ces images sans prétention offrent un incroyable défilé de figures et de styles qui laisse en soi l'empreinte d'un monde foisonnant, où les signes multipliés et sans cesse découverts, d'une église à l'autre sont comme autant de facettes de la société romane.