Moissac, Quercy
Visage de saint Paul, trumeau du portail
Rétaud, Saintonge
Chapiteau pilier de la façade ouest
Angoulême
Un ange, façade de la cathédrale
Nuaillé sur Boutonne, Saintonge
Un roi mage, portail ouest
Oloron Sainte-Marie, Béarn
Vieillards de l'Apocalypse, portail ouest
Lamairé, Poitou
Oiseaux à la nacelle, chapiteau portail ouest
Besse, Limousin
Adam et Yahvé, portail ouest
Rioux, Saintonge
Arcature façade ouest
Vouvant, Vendée
Modillons de l'absidiole nord
Aulnay de Saintonge, Poitou
Visages des vertus, portail ouest
Argenton les Vallées, Poitou
L'Époux et une vierge sage, portail ouest
Souillac, Quercy
Visage d'Abraham, ancien trumeau
Lichères, Angoumois
Voussure du portail ouest
Poitiers
Façade de Notre-Dame la Grande, la Visitation
Bussière-Badil, Limousin
Chapiteau de la nef
Saintes, Saintonge
Abbaye aux Dames, arcade latérale
Civray, Poitou
Zodiaque, les Gémeaux, portail ouest
Melle, Poitou
Église St-Savinien, voussure du portail sud
Aubeterre sur Dronne, Angoumois
Chapiteau du portail ouest
Marignac, Saintonge
Chapiteau de la croisée du transept
Beaulieu, Quercy
Le Christ, tympan du portail

Les monstres, la violence,
les images en réseau
sur l'édifice.

La rigueur des modèles,
l'imaginaire,
la création...

Quel écho de l'art roman
n'est pas contemporain ?

Les bêtes, comme les visages, peuplent les modillons. Les bêtes sont au cœur du monde médiéval, dans une dimension multiple : celles qui font peur, celles qu'on imagine, celles proches de soi dans la vie de tous les jours...

Rétaud (17), modillon du chevet

Et les figures romanes des bêtes traduisent cette multiplicité, elles la développent même. Le parcours dans le bestiaire des modillons est donc un enchantement : on croit parfois rencontrer un portrait d'oiseaux, parfois un témoignage étrange d'une culture d'ailleurs qu'on hésite à nommer, parfois un monstre dévorant – allégorie peut-être du mal engloutissant le bien, ou bien signe de notre humanité double. On va de surprise en surprise, sans trop savoir, sans trop de références, mais avec la sensation d'une création variée, de prouesses aussi dans la sculpture même.


Rétaud : visage d'homme et corps de bête, voici l'hybride, ce qui brise l'identité, ce qui dit que l'être est mélangé, toujours métis intimement. Mais un seul être pourtant, ce corps fusionné en ce visage inquiet qui se retourne.


Pérignac : voici l'ambiguïté. Est-ce juste un visage de bouffon ? On pressent derrière lui un corps, informe et ramassé, que prolongent deux pattes qui n'ont rien d'humain. Et ce visage, à y bien regarder, est-il purement humain ? La figure dit que rien n'est pur, que tout fait écho à autre chose. Mélanges encore, qui fascinent, plus qu'on ne les accepte.


Argenton les Vallées : le couple paisible d'oiseaux l'un contre l'autre. Et donc, le repos pour le regard, les lignes élégantes de deux oiseaux du ciel, posés là et qui vont bientôt s'envoler. Mais soudain, leurs queues ouvragées qui mêlent leur souplesse. Émerge d'elles un entrelacs, qui se tient au-devant, métaphore du végétal, que les becs des oiseaux picorent... Et le vertige reprend, de l'indécidable.


Parthenay : la dévoration. Mais qui nous mange ainsi, qui nous engloutit ? L'humain dissous, digéré par le monstre – quelques dents acérées, visage proéminent, juste ce qu'il faut pour qu'on l'imagine comme une bête, mais sans extrême certitude.


Aulnay : l'élégance du corps, la fluidité dans le geste, et un vrai visage de bête. Là encore, l'évidence première de l'image. Mais que dévore le lion ? Incertitude à nouveau, sur ce que veut l'image, sur son intention à notre égard. Et si c'était cela au fond, la leçon de cette danse des bêtes, d'affirmer que le visible n'est qu'une émergence, qu'il induit cet au-delà de lui-même qu'il ne dévoile pas. Et que nous avons à le tisser avec nous-mêmes, dans une danse infinie.

Pérignac (17), corniche de la façade ouest
Argenton les Vallées (79), corniche de la façade ouest
Parthenay (79), Notre-Dame la Couldre, modillon au-dessus du portail
Aulnay (17), absidiole nord