Bussière-Badil, Limousin
Chapiteau de la nef
Angoulême
Un ange, façade de la cathédrale
Oloron Sainte-Marie, Béarn
Vieillards de l'Apocalypse, portail ouest
Besse, Limousin
Adam et Yahvé, portail ouest
Saintes, Saintonge
Abbaye aux Dames, arcade latérale
Aubeterre sur Dronne, Angoumois
Chapiteau du portail ouest
Vouvant, Vendée
Modillons de l'absidiole nord
Rioux, Saintonge
Arcature façade ouest
Marignac, Saintonge
Chapiteau de la croisée du transept
Beaulieu, Quercy
Le Christ, tympan du portail
Aulnay de Saintonge, Poitou
Visages des vertus, portail ouest
Moissac, Quercy
Visage de saint Paul, trumeau du portail
Lichères, Angoumois
Voussure du portail ouest
Rétaud, Saintonge
Chapiteau pilier de la façade ouest
Melle, Poitou
Église St-Savinien, voussure du portail sud
Argenton les Vallées, Poitou
L'Époux et une vierge sage, portail ouest
Lamairé, Poitou
Oiseaux à la nacelle, chapiteau portail ouest
Nuaillé sur Boutonne, Saintonge
Un roi mage, portail ouest
Civray, Poitou
Zodiaque, les Gémeaux, portail ouest
Souillac, Quercy
Visage d'Abraham, ancien trumeau
Poitiers
Façade de Notre-Dame la Grande, la Visitation

Les monstres, la violence,
les images en réseau
sur l'édifice.

La rigueur des modèles,
l'imaginaire,
la création...

Quel écho de l'art roman
n'est pas contemporain ?

Dans l'art roman, une bonne partie des motifs sont d'origine végétale. Au moins deux raisons à cela.

Diusse (64), frise végétale à la base du portail

La première, c'est que les formes végétales se prêtent bien à l'entrelacement, au prolongement d'un motif à l'autre. Elle sont souples, et la nature végétale elle-même produit dans les plantes et les feuilles des motifs qui s'agrègent les uns aux autres.

Pour autant, l'imagier roman ne reproduit pas le végétal tel qu'il se trouve dans la nature. Si telle ou telle plante est à la source des motifs – la palmette, la feuille d'acanthe, mais aussi la fleur de marguerite comme au portail de Saint-Pierre de l'Isle – elle est notablement transformée et parfois on peine à la reconnaître. Ce qui compte, c'est en quelque sorte la mise en réseau visuel, les effets possibles de rythmes, l'ordre du monde qu'on met au jour... L'imagier procède ainsi à une sorte d'abstraction des formes vivantes, il ne cherche pas à les représenter, il les utilise plutôt au service du décor qu'il invente en partie.

Ce qu'on voit est ainsi suffisamment familier, suffisamment naturel, pour que d'emblée on se sente proche de ces signes. Mais en même temps, le sculpteur nous met à distance, il n'y a dans ces motifs aucun effet d'image, d'identification. Il nous montre le tissage, l'assemblage, la propagation, en quelque sorte les opérations propres du réseau. Réseau visuel, lié à notre milieu naturel mais qui s'en dégage. Les motifs romans appellent donc à une sorte de conversion du regard, en tout cas de notre regard parfois trop habitué à l'image. Cette conversion pourtant, est en écho direct avec nos technologies d'aujourd'hui : le motif est une métaphore visuelle puissante de nos multiples connexions.


La seconde raison de l'omniprésence du végétal dans les motifs romans est que le végétal c'est le vivant, et qu'il possède donc en lui-même une force justement vitale.

La sève qui irrigue les plantes, les fait grandir, peuple d'un certain point de vue leur " incarnation " en motifs. Ce qui court sur les arcatures, les voussures, à travers les frises, c'est aussi cette respiration du végétal au long des saisons, ce frémissement qui le porte, le courbe, l'assemble. Tout est beauté à l'époque romane, l'homme puise dans le monde qui l'entoure le chant dont il vit. Et le végétal, transformé et magnifié par l'imagier, insuffle au chrétien d'alors l'énergie de son salut.

Rioux (17), arcature de la façade ouest
Bussière-Badil (24), 2ème voussure du portail
Saint-Pierre de l'Isle (17), 1ère voussure du portail