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Le tympan est cette surface semi-circulaire qui suit l'arc de la voussure la plus basse et se termine horizontalement, dans l'alignement des chapiteaux du portail. L'ouverture de la porte proprement dite se limite alors à un rectangle. Dans cette formule, la surface plane du tympan est utilisée pour la sculpture.
Différentes déclinaisons se rencontrent : dans la petite église de Sévignac, plusieurs voussures portent des figures et des décors et le tympan, de petite taille et de pierre différente, comporte une scène relativement simple : au centre, le Christ, qui donne les clés à sa droite à saint Pierre et un phylactère, symbole de l'écrit, à sa gauche à saint Paul. C'est le don de la loi aux apôtres, qu'on appelle Traditio legis.
À Beaulieu, la démarche est à l'opposé : un grand porche protège l'entrée et le portail. Seules quelques moulures non décorées font office de voussures, l'essentiel du portail est constitué du tympan, large de plusieurs mètres, à un point tel que la porte est scindée en deux parts, séparées par le pilier central qu'on nomme le trumeau. Toute la surface est occupée par l'image, ou plutôt une scène d'images.
Le portail d'Oloron Sainte-Marie adopte une solution intermédiaire et assez rare : un grand tympan, avec trumeau également, mais dont la surface est fragmentée en deux sous-ensembles semi-circulaires au-dessus de chaque part de la porte. Il n'y a pas là de contrainte architecturale, mais seulement la volonté de monter autrement les images du tympan. Approche originale – on la retrouve toutefois non loin de là à Morlaas – qui recrée artificiellement deux arcs au-dessus de chaque passage.
La Lande de Fronsac offre une solution bien équilibrée visuellement, où les voussures sont très présentes et très sculptées, principalement de motifs, mais conduisent le regard au tympan, qui en quelque sorte les prolonge, l'image étant visiblement de la main du même imagier que les voussures et dans le même esprit.
Au-delà de ces variations, il reste à ce type de portail une même caractéristique. C'est qu'après les voussures ou le porche qui accompagne le corps qui entre, il y a, sous le regard, frontalement, une image. C'est-à-dire une surface plane sur laquelle on a sculpté une scène ou plusieurs. Le portail à voussures seules engage le fidèle à une entrée fluide dans l'édifice, car les images sculptées sur les voussures ne sont pas, sauf exception, assez prégnantes pour arrêter sa marche. Le portail à tympan au contraire cherche à ce que le mouvement d'entrée s'arrête, par la frontalité de la surface et aussi par sa composition d'image : le plus souvent scène complexe, qui nécessite une vision lente, une imprégnation de soi-même.
L'image, dès lors, n'est pas qu'un accompagnement, elle devient centrale, elle oblige à perception approfondie, à réflexion. Elle s'impose en quelque sorte et questionne, elle souhaite qu'on croit en elle, elle cherche l'adhésion, elle fascine. Au risque de changer profondément cet acte simple, mais profondément signifiant, de passer d'un monde à l'autre.
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