Saintongeoise de grand deuil
Mauzé sur le Mignon
Mothaise de cérémonie
Barbichet de cérémonie
Brigueuil
Champanais de grand deuil
Châteauneuf sur Charente
Champanais de grand deuil
Malaville
Saintongeoise de cérémonie
Mazin
Saintongeoise demi-deuil
St-Jean d'Angély
Pèleboise de cérémonie
Thorigné
Saintongeoise de cérémonie
Aubigné
Saintongeoise demi-deuil
Mauzé sur le Mignon
Saintongeoise de mariée
Mauzé sur le Mignon
Saintongeoise de mariée
Brioux
Saintongeoise
Loulay
Champanais de jeune fille
Matha
Champanais de tous les jours
Gourvillette
Saintongeoise demi-deuil
Loulay
Coiffe carrée
St-Hilaire des Loges
Dentelle à l'aiguille
Saintongeoise de jeune fille
Aulnay

Le fil, ténu
qui fait dans le jour
toute la dentelle
des rêves.

Les plis, les courbes
dans l'orbe du visage
toute la fragilité
du monde, le désir
qui suit la lumière
des femmes en allées.

Quand on s'approche...

Quand on s'approche de ces visages en carton, ce qui frappe d'abord, c'est l'épure. La marotte n'est pas un portrait de femme, tout est lisse ici, dépouillé : le modelé des traits est à peine esquissé, ce sont des aplats de peinture noire qui font la chevelure, et quelques courbes sommaires pour les cils et sourcils. Rien de typé, et rien surtout d'un visage de paysanne, ou de bourgeoise ou d'aristocrate. De loin, on pense à une abstraction d'un visage, un peu comme la glaçure d'un masque de quelque geisha occidentale.

Pourtant, tout change dès que le regard insiste un peu, car soudain vous avez l'impression d'un être là tout près de vous, comme si derrière l'icône, dans l'imperceptible, les créateurs de ces figures avaient voulu tenter l'expression, le dialogue. Cela tient sans doute aux yeux et aux lèvres. Les premiers peuvent être de simples ronds noirs, mais aussi devenir quasi-réalistes, avec une finesse de traits, des effets pointillés et de transparence... Quant aux lèvres, qui ne sont le plus souvent que du rouge en aplat, leurs contours variés leur donnent une expression naïve certes, mais d'une grande force.

 

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Et donc, quand on s'approche, chacun de ces visages peints sur le carton vous semble différent, chacun vous touche. Celle-ci, à la bouche mutine, dont le regard vous invite presque. Celle-là, à la joue rosée, aux yeux bleus, presque timide. Ou bien cette autre, au visage allongé, à la moue marquée de tristesse, et qui semble s'excuser d'être ainsi, figée, froide.

Il faut dire encore les enjolivures. Par exemple, l'attention portée au bas de la marotte : même s'il n'est qu'un support un peu longiligne, sans les rondeurs du cou ou de la poitrine, on y a figuré des décolletés généreux, ou bien quelques motifs à même la peau, ou bien encore un lien noué autour du cou.

Il faut dire aussi l'usure du temps, la patine qui affine la présence de ces figures, comme l'érosion sur la pierre des sculptures. Ici, ce ne sont que quelques éraflures, quelques brisures sur le net de la peau, ou parfois des pans de peinture enlevés. Mais du coup, ces marottes nous deviennent plus fraternelles, sujettes comme nous aux rides, aux angoisses qui nous creusent. Elles sont sans âge, dans la plénitude féminine, mais comme nous blessées, cernées par la douleur des jours dans leur apparence immuable.