De la matière à l'image
Toutes les marottes ne sont pas ces visages de femmes figurés sur le carton. D'autres ont été tournées dans l'argile. Et dans la forme ronde, le potier y a fait parfois une petite excroissance pour figurer le nez. Avec leur ouverture béante, elles ressemblent à quelque masque premier, signe rudimentaire qui n'évoque pas encore le visage.
D'autres encore sont façonnées dans de gros blocs de bois, qu'on a patiemment polis, rendus luisants, pour qu'aucune aspérité n'accroche aux fragiles dentelles. L'apparence est plus massive encore, l'évocation plus évasive. À tel point que sur certains de ces blocs, on y a dessiné des traits du visage, sans grand souci de féminité ni de réalisme, parce que, peut-être, voir les coiffes posées sur eux réellement sans visages était insoutenable, parce qu'il fallait au moins quelque trace même embryonnaire, quelque rêve, pour que celle qui posait là la coiffe puisse l'affiner dans un écho d'humanité.
Alors que les marottes en carton étaient fabriquées à Paris, notamment chez deux fabricants, les Ets Paindebled et Danjard, puis diffusées en province, celles en terre cuite étaient de fabrication locale. Pour le Poitou-Charentes, les modèles présentés ont été fabriqués par les potiers de La Guérinière, près de Ménigoute ou ceux de La Pagerie, près de Vasles. Quant aux marottes en bois, elles étaient vraisemblablement réalisées dans les villages, comme semble l'indiquer l'aspect un peu rustique des objets.