Le but des informations données ici n'est pas de contribuer au nettoyage des coiffes montées d'origine par les lingères de l'époque. Même très sale et en mauvais état, une coiffe montée d'origine est le seul document authentique qui doit rester ainsi pour la mémoire et donc qui servira de référence et de modèle.
Les indications mentionnées dans ce document ne sont pas suffisantes pour remonter correctement une coiffe. Il faut absolument avoir en plus sous la main une coiffe montée d'origine ainsi que bien entendu les éléments constituant la coiffe choisie. Eventuellement il est possible de remplacer un élément manquant, par exemple le carton, le fil métallique, la bonnette ou de changer une dentelle trop abîmée.
De toute façon, la coiffe ainsi montée doit être soigneusement étiquetée :
- coiffe recomposée à partir d'éléments de provenance différente
- coiffe remontée à partir d'éléments d'une même provenance
- coiffe reconstituée dont les éléments ont été fabriqués avec des matériaux anciens ou contemporains
- coiffe restituée composée d'éléments d'origine et d'éléments reconstitués manquants.
Sans cet étiquetage précis, dans cinquante ans lorsque la coiffe sera jaunie, qui pourra savoir ce qui s'est passé ? Le collectionneur, le chercheur sera peut-être abusé, dérouté...
L'amidonnage
Pour donner sa tenue à la coiffe, l'apprêt de ses différents éléments est indispensable. Les dentelles, tulles et mousselines doivent être entièrement ou en partie amidonnés, sans cela les coiffes pendraient sans doute lamentablement autour du visage.
Pour réaliser cet apprêt, il faut :
Recette
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On aura pris soin d'abord de repérer par un fil l'emplacement des plis et des paillages, pour respecter la remise en forme d'origine. Lorsque l'amidon est froid, il faut enduire les différentes parties de la coiffe. Pour absorber l'excédent d'amidon, il est conseillé d'étaler un torchon sur une table, de dérouler délicatement les éléments dessus et à l'aide de morceaux de chiffon propres de tamponner les différents éléments de la coiffe.
Tout au long du séchage, il est nécessaire d'étirer les dentelles, de défaire les faux plis. Plus les tissus seront bien étirés, plus facile sera le repassage. Avec une pattemouille, on peut maintenant repasser les différentes parties plates. Un pulvérisateur d'eau peut faciliter le lissage lorsqu'il y a un faux pli.
Les ruchés
Un certain matériel est nécessaire comme les fers à tuyauter, les fers à coques, les pailles, la planche à pailler recouverte d'un molleton, d'un tissu de lin et garni de galons.
Le paillage
Il se fait sur une dentelle amidonnée et séchée. Lorsque les dentelles sont installées sur les aiguilles, il faut mouiller le tissu et le sécher ensuite. Lorsqu'on retire les pailles, le ruché est prêt. Le paillage peut être droit, ou en coeur, et on peut trouver du faux paillage en cœur.
Le tuyautage
On le réalise sur une dentelle qu'on humidifie puis qu'on sèche à l'aide d'un fer chaud. La difficulté réside dans la maîtrise de la juste température: trop froide, le ruché est irrégulier, trop chaude, la dentelle roussit. Un peu d'entraînement sur une dentelle sans importance est conseillé. Il faut suffisamment humidifier le tissu avant de le tuyauter et pour éviter que la dentelle ne colle sur le fer, on peut passer ce dernier sur un pain de paraffine, puis en essuyer les branches avant de passer au tuyautage. |
L'habileté de la lingère va s'exprimer également dans le travail délicat du plissé. L'étoffe va prendre une nouvelle dimension grâce à cette technique qui va permettre à la toile, à la mousseline de jouer avec la lumière. De même un seul petit ruban plat va se voir transformé en un spectaculaire bouillonné, et cela avec une seule aiguille et du fil.
Le plissé à l'ongle
Il s'agit de reformer les petits plis cousus et marqués sur la toile des coiffes, technique difficile qui s'effectue en général sans amidon. La difficulté s'accroît encore sur de la mousseline ou sur du tulle car les empreintes ont souvent entièrement disparu. Il est ici nécessaire de faire un amidon léger. |
Le travail des rubans
D'un simple petit ruban plat, la lingère parvient à créer avec une aiguille et du fil, un élément d'ornement qui va enrichir la coiffe.
Les éléments ainsi repassés vont pouvoir être assemblés entre eux pour reconstruire coiffes et bonnets.