Les récits fondateurs sont évidemment très révélateurs non seulement des origines d'une société transmises oralement d'une génération à l'autre, mais aussi du rôle qu'elle attribue à telle ou telle opération.
Ces récits, chez les Iban, sont aussi l'occasion de rencontres avec nombre d'esprits, ou entités invisibles, avec lesquels ils dialoguent constamment et qui peuvent les aider dans leur vie humaine. Parmi les héroïnes mythiques, certaines sont directement liées au tissage ou à la teinture. Kumang, la plus célèbre d'entre elles, est une jeune femme d'une grande beauté dont les talents de tisserande en font un modèle féminin. C'est elle qui a enseigné le tissage aux Iban. Meni est plus spécialement la “ patronne ” des teintures et Segadu, qui garde la porte du monde d'en-haut, celle des fils. Ces héroïnes ont une vie semblable à celle des humains, par exemple Kumang se marie avec Keling, guerrier valeureux et modèle masculin.
La jupe perdue
En ce qui concerne l'origine, citons ici in extenso un mythe rapporté en 1909 par le missionnaire William Howell, qu'on pourrait appeler “ l'histoire de la jupe perdue ” :
L'oiseau métaphore du divin devient tissu, et comme l'oiseau (qui est en réalité la fille du grand dieu), l'ikat à travers la veste permet d'accéder au divin et au monde d'en-haut. Ces vestes, qu'on appelle kalambi, étaient utilisées par les guérisseurs.