Récit du gâteau
Plus haut dans la vallée, après un chemin difficile on a vu vos églises, votre héritage enfoui, perdu, au bout d'une clairière improbable. On a le corps saturé d'architecture et de fresques admirables, qui sont au bord de se dissoudre dans le temps, dans la terre. Nous sommes heureux profondément, et tristes.
Vous êtes là, une famille entière, qui nous invitez. On n'ose pas, vous insistez, les hommes, femmes, enfants, vieillards. Vous allez, dites-vous, nous porter bonheur. Nous restons par peur de vous peiner. C'est l'anniversaire, dites-vous encore, de la jeune fille en robe rose. Vous nous offrez dans le soir qui arrive des pastèques du mouton du miel... des plats et des fruits qui foisonnent, avant ce gâteau de crème et de meringue qu'on illumine, et c'est comme un joyau pour celle qu'on fête.
Il y a la musique et les mains dans le rythme, il y a l'humanité de vos paroles, votre joie de l'Arménie partagée avec ces étrangers qui passent, la pénombre qui vient, qui nous rassemble.