Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Bjni
L'église Saint-Serge
Moro dzor
Chemin dans le village
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Ererouk
Restes de la façade
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Aghitou
Une pierre tombale
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Ketcharis
Le bac à bougies
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Areni
Pierre tombale près de l'église
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Que dit la langue à celui qui n'en sait même pas les lettres, que dit au voyageur le bruissement des phrases ?

Ici, ailleurs

Eprouver la douleur de la langue inconnue, aller vers cet autre pays dans le rythme du monde, le voyage ce n'est toujours que parenthèse courte, vous arrivez, vous avez appris quelques mots, quelques heures à comprendre, quelques apprentissages. Vous êtes venus pour ce pays à la charnière de l'Orient et de l'Occident, pour le temps des vacances, pour rompre aussi le quotidien des jours.

Vous savez cette coupure irrémédiable, vous serez ici et ailleurs à la fois. Ici, par l'absolu de la lumière, les paysages, tout ce qu'on voit des villes et des villages, les femmes et les hommes, ce patrimoine admirable, multiple. Ailleurs, par ces lettres qui ne seront pour vous que des images, des courbes d'élégance aux murs des églises, par les paroles qui vous feront seulement musique, par ces regards inquiets de votre absence de réponse.

Ailleurs, mais ici plus profondément dans la distance. Peut-être le non savoir d'une langue rend aussi le regard plus aigu. Vous découpez ce pays qui s'offre, à l'abri presque, sans interférence, comme dans un rêve pur où vous construisez le langage de votre voyage, à partir des images seules, de l'analogique des regards et des bruits.

Créer une langue, et l'origine...

"Voyant le royaume d'Arménie arrivé à sa fin, Mesrop trouva en ces troubles matière à exercer sa patience. [..] quand il enseignait, le bienheureux éprouvait de grandes difficultés, car il était lui-même à la fois lecteur et traducteur. [..] C'est pourquoi il réfléchit au moyen d'inventer des signes d'écriture..." Moïse de Khorène, le premier historien de l'Arménie, écrit ces phrases moins d'un siècle après que, vers 405, Mesrop Machtots eut créé l'alphabet arménien.

C'est pour développer la foi et le christianisme naissant que le moine Machtots crée l'alphabet, mais avec l'appui du roi Vram-Chapouh. De fait, l'Arménie va naître aussi comme culture à partir de ce moment, où des traducteurs en nombre vont donner à lire aux Arméniens la Bible, les Evangiles et beaucoup de textes sacrés. Combien de peuples ont ainsi décidé de se construire une langue, dans une démarche qu'on dirait aujourd'hui scientifique ?