Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Ketcharis
Le bac à bougies
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Aghitou
Une pierre tombale
Moro dzor
Chemin dans le village
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Ererouk
Restes de la façade
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Areni
Pierre tombale près de l'église
Bjni
L'église Saint-Serge
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Les khatchkars marquent le territoire arménien. Repères aux cimetières, dans l'enclos des monastères ou le voisinage des églises, ils en façonnent l'identité, comme une ponctuation simple, entêtante, et dont la multiplicité, entre le même et le différent, fascine. Objets inépuisables, à la manière des visages.

Croix / Pierres

Croix Pierre est la traduction littérale du mot arménien. Mais le khatchkar n'est pas une croix de pierre, une pierre en forme de croix. Le khatchkar a plutôt forme d'une stèle rectangulaire, l'épaisseur du bloc de pierre peut atteindre quelques dizaines de centimètres. Le profil est parfois courbe, et la hauteur de ces stèles fait que de loin, on peut les prendre pour des silhouettes humaines, comme, dit-on, Tamerlan qui prit pour une armée de guerriers les centaines de khatchkars du cimetière de Noradouz, près du lac Sevan.

Croix Pierre, l'objet et sa matière, pas vraiment côte à côte, mais emmêlés, intimement. La croix naissante de la pierre, mais qui ne s'en sépare pas. Dialogue de l'oeuvre d'homme qui fait signe et de cette pierre matière qui ourle ou fonde toutes les terres d'Arménie. Une oeuvre intense, mais dont le chant ne s'extrait pas complètement de cette découpe brute que fait la stèle.

Et cela ne fait ni écriture sur la pierre vraiment, ni sculpture. Ni trace, ni volume, mais une présence de matière, que la main de l'homme et sa culture auraient irriguée, jardinée, et où serait née une improbable profusion.

Cimetières

Les khatchkars sont des pierres debout, parfois alignées à l'orée d'une église ou d'un monastère, parfois seules dans l'église même et parfois dans un cimetière à côté de la tombe ou en faisant office.

Noradouz est par son ampleur, le plus célèbre de ces cimetières de khatchkars, mais bien d'autres parsèment le territoire, lieux du souvenir où la trace de vie foisonnante court l'espace, croix mêlée de la profusion d'un réseau qui se perpétue, d'une stèle à l'autre, et au-delà dans tout l'espace et le temps. C'est autant le croisement des traits, des courbes nées de la pierre que donne à voir le khatchkar, plutôt que le symbole de la croix elle-même.

Dans certains cimetières comme à Eghvard, les khatchkars côtoient des tombes plus récentes, et l'on voit ce lent passage des signes de la sculpture à l'image des défunts, l'entrée dans le monde du miroir humain, où les traces et les interactions figurées ne suffisent plus, où il ne s'agit plus de signifier, mais de faire semblance...