Ererouk, l'expérience de la frontière, entre l'église des premiers siècles et les abeilles en fête.
A la frontière
c'est comme en pointillé
l'échancrure du fleuve
le dérisoire
ceci, lancinant, innommable,
le corps qui s'emplit et se vide.
A la frontière, la terre
est si semblable
et la chaleur, dans la découpe du ciel
c'est ici
l'extrémité de l'homme,
le corps et le regard hors de soi,
la montée meurtrière
aveuglante, aveuglée.
Que peut-on, ce parcours
qui frappe à cris rentrés
contre la dissemblance des mémoires
nous sommes là, venus
pour cette architecture
presqu'effondrée
et le motif aux linteaux des portes
fait une si légère danse dans la lumière,
l'air et la pierre en amour,
l'écho des siècles, des territoires mélangés
Comme si l'on voyait
de l'autre côté du fleuve les peuples emmêlés
venir à nous du fond de l'histoire
parler ensemble des rosaces
des traits légers, des sculptures.
Nous sommes là, désert en soi
c'est comme en pointillé
l'extrémité du monde
et rien n'est proche
comme la terre en face des collines
A quelques pas, il y a
l'homme au miel d'été
tout près de la ferveur,
de la frontière
il a fait sien ces parages
modestement, dans la rumeur des fleurs,
il a mis la table,
il quête nos paroles
nous tient l'épaule
comme si les mots
pouvaient lever l'absurdité.
Que peut-on, le sourire
au milieu des abeilles,
" Il ne faut pas nous oublier ",
dit-il, nous rions...
Comment dire
la nausée des frontières ?