Makénis, après une longue quête du chemin, une lente, si lente, montée. Il y coule un torrent près des jardins.
Village dans la mémoire, serré sur lui
l'eau descend des montagnes, l'eau chante
dans la rumeur déserte des vieilles gens,
le peu des gens ici l'été dans l'air vif
qui creusent dans la terre leur solitude
A la femme qui vient dans le soleil
montrer les pierres de l'église
je n'ose rien demander, de ce qui fait le village ainsi
serré dans sa communauté son dénuement
et comment ce doit être l'hiver
parmi la neige, et la douleur des familles éparses
Village d'Arménie au bout des routes perdues
il n'y a depuis des siècles que la mémoire qui résiste,
qui dans les malheurs du temps s'enfouit plus encore
dans cette terre pierre mère
Le peu des gens,
qui s'activent, cultures maigres, corps épuisés,
on voudrait leur dire ce lieu, la lumière
un instant les fronts apaisés
et l'immense sourire, la femme dans le soleil
qui n'a rien à dire que ces pierres,
milliers de gestes entassés, propos naïfs,
récits des hommes,
depuis toujours ici, au bord des larmes
je n'ose rien,
l'ombre bientôt, leur solitude,
terre pierre mère.