Un groupe de femmes, un matin d'été,
qui visitaient le monastère d'Ayravank, sur les rives du lac Sevan...
Tant de douleurs, tant de temps
que vous avez passé aux murs noirs des églises,
à quoi cela sert-il,
de laver la mémoire des douleurs, elles reviennent
en vous, en votre histoire,
l'exode des enfants morts, des femmes.
Vous savez depuis longtemps
le précaire d'être ensemble
et que cette douceur d'être là
dans ce pays de pierre et d'air
vous nourrit, déterminées, saisies d'incertitude.
Matin de lumière
dans ce si vieux monastère
matin de la rive de l'eau baignant les femmes
et tous leurs bruissements quand elles entrent
dans la mémoire sombre, les murs de suie,
cherchent-elles ainsi
à s'affranchir des nuits, je les vois
si douces dans les pierres, si morcelées,
cherchent-elles les sanglots perdus des enfances,
des siècles, tant de temps passé
à tenir les flambeaux
à faire de ce peuple un voyage.
Tant de douleurs dans ces terres
le chant gravé des pierres
dans les hauts paysages
les fruits endimanchés
cela qu'on tient à peine et qui fait vivre
vous entrez
c'était l'espace avec les fleurs pour les enfants,
c'est l'absence et vous bruissez pourtant
de toutes les rumeurs des corps
offerts à ce silence sombre.
Savez-vous depuis quand, depuis quels territoires
ainsi dure la nuit ?