Près d'Idjevan, le soir, sur les hauteurs, le battement du monde, des vies dans l'instant.
Dans le voyage, la couture du temps défait
fallait-il venir ici, ce soir au bord de l'air diaphane,
pour éprouver ainsi corps et sourires,
vallées inépuisées, tièdeur dans la mémoire,
le temps désagrégé
quelque part un instant pur,
les bruits des hommes la carriole qui monte le chemin
et les voix plus bas des enfants, dans la prairie,
qui font écho depuis l'éternité au soir qui tombe
Fallait-il le voyage pour s'arrêter ainsi,
boire au plus près la nuit qui vient,
celle qui apaise toute chose
boire vos gestes et les regards, amis qui passez
dans l'intervalle dérobé,
juste quand le corps prend corps avec la terre
C'est le soir, les hommes rentrent des hauteurs
c'est dans tous les pays, avant la nuit
quand tout le temps s'arrête
qu'on trace un geste, un regard,
la voile encore gonflée d'un sein
la main qu'on devine
prise entre soi et l'éternité,
si peu, un instant
et la vallée, cette incandescence
qui nous propage.