A Talin, dans la chaleur d'été, le vide à vif qu'on éprouve, insaisissable
L'absence, à Talin
les herbes aux trottoirs
et sur la place, quand on passe
comme le sang des vies qui s'en irait
dissous dans la chaleur
ce n'est pas le silence, c'est la douleur
des bruits qui s'amenuisent,
le temps qui prend l'ampleur du temps.
Nous allons c'est midi
comme dans le désert des mots
nous allons le patrimoine est une ruine immense
il y a l'ampleur du temps, et l'espace
et les bribes radieuses contre le ciel
la force encore de l'architecture,
Nous allons c'est midi
la ville vide son sang, quand on passe
on voit des vieilles gens
et l'ombre des maisons
leurs silhouettes désaccordées
sans qu'on sache qui fait l'absence
des demeures délaissées
ou des femmes en oubli.
Quand on passe
on ne mesure rien de ce qui fait l'exil
les toits abandonnés ne montrent pas
le parcours des douleurs
on perçoit le silence, un peu plus dans la chaleur
les gestes las
les corps nimbés d'un voile
les yeux de la vie sur le monde
qui regardent, et ce n'est rien
au bout de la rue
que l'effervescence de l'été
les yeux posent vers soi l'absence,
à Talin.