2ème récit des lettres
A Makaravank, les bâtiments du monastère émergent à peine des arbres dans la montagne. La façade du jamatoun dans l'ombre semble immense. De l'espace d'herbe en avant nous approchons, pierres grises et roses, vers cette porte centrale qui semble simple, arc en plein cintre et colonnettes légères.
Puis voici les motifs au long de l'arc, le tressage et l'assemblage des volutes de pierre, régularité de la maille, ce qui fait bordure, limite entre la transparence de l'air et le dur de la pierre, au-dessous. Quelques pas encore, et le flou des signes au tympan s'atténue, la surface plane est écrite, caractères côte à côte sans une respiration, la langue emplit l'espace, gonfle la matière d'un désir. Ici non plus, nous ne saurons pas ce qui fait sens, de cette parole qui épouse à ce point la forme qui la porte. Nous restons là longtemps, l'oeil va de la géométrie répétée à ces lettres aussi qui s'accumulent. On s'imbibe de cette langue, courbe après courbe, comme un solfège inépuisé dont on voudrait percer simplement le secret.