1er récit des lettres
C'est un mur au soleil soigneusement construit, les pierres jointives ont laissé le temps les déplacer un peu et l'on voit maintenant l'ombre au bord des grandes pierres.
Sans doute celui qui a écrit sur ces pierres de son ciseau lent, a-t-il travaillé sur un plan bien uni, traçant même des lignes horizontales comme sur un cahier. Depuis, les pierres sont revenues à leur vie de pierres. Comme les croix innombrables gravées aux murs des églises, les inscriptions occupent souvent des pans entiers de façades. Y avait-il ici ou là précisément un propos à tenir, un enseignement à faire valoir ? Ou bien fallait-il porter la langue à la lumière, comme une figure qu'on donne à voir, comme pour l'éprouver dans l'espace ?
Bien des fois sur cette terre d'Arménie, nous serons frappés par ces surfaces écrites, par ces caractères qui sont pour nous comme des motifs à l'élégance gracile que la pierre depuis des siècles marque à peine.