2ème récit des images
Il y a une grande marge sur la page, puis un grand cadre décoré comme si l'enlumineur avait voulu préparer le regard à la scène et à la fois la séparer du monde.
Comme sur d'autres manuscrits arméniens, ce sont les visages qui sautent au regard, aussi minimes dans les traits et autant expressifs. Le Christ est sur son âne entouré des apôtres, leurs yeux quêtent les yeux de ceux qui les attendent, des rameaux à la main. Acuité de la rencontre des visages, entre l'inquiétude et l'acquiescement.
On connaît l'histoire, le peuple de Jérusalem acclame celui qu'il prend pour un roi. Mais celui qui arrive sur un âne dérisoire, sait tout cela fallacieux, et en quoi il s'en va vers la douleur et la mort. L'image dit la mise en scène, dans les traits de l'animal et la multiplicité des silhouettes. Mais il y a, dans l'espace posé des êtres, cette tension des visages qui se découvrent, comme s'il fallait entrer, faits et gestes, dans une scène, accepter ce désir des autres qui vous portent aux nues, que vous savez fugace, volatile, et qui bientôt, désir contre désir, vous feront victime.