1er récit des pierres
Khatchkar et un détail, à l'ombre des arbres • Bjni, église de la Mère de Dieu |
Entrer sous la fraîcheur des arbres, l'été, quand vous venez de loin, l'oeil s'accorde à l'ombre, on découvre ces pierres et cela prend le corps. On a vu des images dans les livres, mais que fait l'image outre un repère dans l'espace que l'oeil effleure, on voit tant d'images, l'oeil s'accorde à l'ombre et la pierre soudain vous domine d'une hauteur qu'on n'avait pas perçue.
Insensiblement, le corps recule, il veut déchiffrer l'écriture ou les signes dans la pierre, la multiplicité l'abreuve, le submerge. Il cherche à discerner les cercles, les volutes, les réseaux emmêlés. On se regarde l'un l'autre, on voit cette croix aux pans ouverts, et que rien dans l'espace du trait ne s'arrête, on se dit que c'est une parole qui se déplie, souffle jamais arrêté dans sa quête de l'autre, on voit en arrière les feuilles et comme elles les flocons de pierre sous la musique de l'air.
Plus tard, quand la fascination de la pierre immense s'est atténuée, on s'approche, on veut dissoudre la distance, on espère résoudre de distance en distance ce qui fuit dans le regard, jusqu'à ces ultimes gravures dans la pierre, têtes d'oiseaux côte à côte que des entrelacs prolongent, infiniment.