Nous traversons le village à nouveau, maisons disséminées, chemins de terre entre les murets, l'air dans la chaleur qui monte devient palpable - sur l'autre colline là-bas, à peine plus haute que les rochers qui l'entourent, la minuscule chapelle Saint-Serge, quelques mètres de longueur, une coupole, l'exactitude minimale des volumes. Je me souviens soudain des églises de Nin en Croatie posées dans le couchant près de l'Adriatique, et comme ici des signes dérisoires que les hommes ont gardés pourtant depuis des siècles.
Là-bas les volumes seuls, nus, ici c'est aussi le rouge, le noir des pierres qui font exister les murs, comme si s'écrivaient visuellement tous les ressorts de leur construction. À l'intérieur, deux ou trois personnes tiennent à peine, dans ce qui fait abri plus qu'espace. Les murs sont noirs de fumée des bougies innombrables qu'on allume inlassablement. Et quand il reste juste un peu de cire molle, on colle avec elle un petit caillou sur la paroi - et votre vœu ou votre rêve s'exauce.