Dimanche, ce matin. Est-ce pour cela qu'Achot a souhaité ne partir qu'à dix heures?
En l'attendant, nous décidons d'une balade au Vernissage36. Dès qu'on s'éloigne un peu de la Place de la République, les rues d'Erevan prennent un air de campagne: herbe entre les dalles, des arbres, des buissons presque et surtout cette sensation d'espace un peu délaissé, à l'écart, dans les zones sans voitures. Le Vernissage est le rassemblement de fin de semaine, au long d'une large trouée piétonnière, de ceux qui vendent. Des marchands patentés, mais aussi tout un chacun qui cherche à monnayer quelques objets.
C'est l'heure où les "exposants" arrivent. Le retraité aligne avec minutie des ciseaux à bois, des clés plates, des tournevis, des bobineaux de fil électrique. Plus loin, des engrenages, des lampes de bureau, un ventilateur... Plus loin encore, des casquettes et des chapeaux. Objets usagés pour la plupart, mais que chacun dispose avec précaution pour une mise en valeur théâtrale. Puis des stands de livres, librairie à multiples facettes, des livres d'art des temps soviétiques aux policiers lus et relus qui s'empilent dans des caisses. On feuillette, on achète. Peu de monde encore dans le matin, peu de bruit, les vendeurs s'interpellent mais dans le calme, avec cette pudeur presque des Arméniens qui fait qu'ici on se sent loin des grouillements de l'Asie ou des pays arabes.
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36 Vernissage est le mot même employé par les Arméniens.